Après une courte éclaircie, c'est le retour de la grisaille. Les animateurs de la fronde, au FLN, reprennent du poil de la bête. Ils préparent leur offensive pour l'après-Ramadhan. Mécontents du déroulement des préparatifs du 9e congrès, ils envisagent de tenir une réunion extraordinaire pour définir la manière de faire face à ce qu'ils considèrent comme « un congrès d'exclusions ». « Nous ferons tout ce qui est de notre possible pour sauver le parti. Nous n'accepterons pas que de valeureux militants qui, pendant des années, donnaient le meilleur d'eux-mêmes, soient laissés sur le carreau », avertit un membre du groupe des frondeurs qui a requis l'anonymat. Les frondeurs déplorent ainsi la manière avec laquelle la commission de préparation du congrès travaille. Déterminés à faire entendre leur voix, ils se donnent rendez-vous juste après la fête de l'Aïd. Si les tensions sont ravivées au sein du vieux parti, la direction nationale ne semble nullement « inquiète ». « Au contraire, les choses se présentent mieux que prévu », rassure Saïd Bouhedja, membre du bureau exécutif chargé de la communication, pour lequel cette protestation n'émane pas de la base militante, mais plutôt de quelques récalcitrants qui n'admettent pas de ne plus être dans les instances dirigeantes du parti. « Les commissions des kasma et de wilaya ont été déjà installées ainsi que les sous-commissions émanant de la commission nationale de préparation du congrès. Actuellement, nous travaillons sur des projets qui seront présentés par la suite à l'enrichissement de la base », explique M. Bouhedja, qui affirme que « les portes du parti sont toujours ouvertes à tout le monde » et que « toute bonne suggestion reste la bienvenue ». Serein, M. Bouhedja écarte le risque de reproduction du scénario de 2005. « La contestation existe certes, mais pas de cette ampleur donnée par la presse », précise-t-il. Tentant de minimiser la crise, notre interlocuteur indique que « même dans les wilayas qui connaissent des difficultés dans le renouvellement des bureaux de mouhafadha, les choses tendent à se dénouer ». Il souligne dans ce sillage l'installation des kasmas des wilayas de Khenchela ainsi que celles de Béchar et de Tlemcen. A Béjaïa, assure-t-il, « le travail se fait doucement mais sûrement ». C'est le cas également à M'sila. « Il n'y a pas d'exclusion », insiste-t-il, trouvant « tout à fait normal » que des militants se voyant hors course au congrès remettent en cause le travail effectué. « Nous prenons en considération les avis et les points de vue de tous les cadres militants du parti. Nous sommes ouverts à toute proposition allant dans le sens d'améliorer l'organisation du congrès, d'élargir le débat d'idées et d'apprendre le travail au sein des différentes commissions », ajoute M. Bouhedja, qui reconnaît n'avoir pas compris « les desseins » de certains protestataires. « Qu'ils ramènent une alternative, qu'ils fassent des propositions. Nous sommes prêts à les écouter », s'engage-t-il. Ainsi, à la veille de chaque échéance électorale ou organique, le FLN replonge dans un climat de tensions et de dissensions. La fracture entre ses militants est telle que l'entente ne semble plus possible. Le congrès réunificateur n'a pas réussi à renverser la donne. Les rangs sont de plus en plus « dispersés ».