Ahmed Ouyahia devra faire face à une majorité parlementaire qui ne lui est pas forcément acquise. De cela, il est parfaitement conscient. Toutefois, il sait que c'est à l'intérieur de l'alliance que les partis qui ont décidé de sceller leur sort un certain février 2004 autour du programme du président de la République, exclusivement en gardant chacun ses spécificités, devront leur survie. En tout cas, le RND l'a bien compris. Parce que, même après avoir été poussé vers la sortie par ses frères ennemis, Ahmed Ouyahia a su se préserver en tant qu'homme politique et préserver son parti (en tant que force politique incontournable en ne se «départant» pas de l'Alliance présidentielle. Il a même continué, tout en dirigeant son parti de main de maître, à soutenir le programme du chef de l'Etat, à donner des orientations à ses militants, à quelque niveau de responsabilité, locale ou nationale, pour qu'ils respectent la ligne politique qu'il a tracée. Il n'a eu de cesse, à l'occasion de ses différentes sorties médiatiques et partisanes, de soutenir les réformes qu'il trouvait trop lentes à son goût. Il avait d'ailleurs, et c'était une première dans l'histoire du RND, instruit son groupe parlementaire, qu'il rencontre régulièrement (notamment à l'occasion de débats de dossiers importants) à présenter des propositions d'amendement à la loi de finances et à ne pas se contenter de suivre la consigne de vote d'une manière «bête et méchante». Cela renseigne en tout cas sur la maîtrise par le désormais chef du gouvernement de la gestion de sa formation politique. Le MSP, pour sa part, a failli y laisser des plumes à travers la crise qui l'a secoué et les prises de position qui allaient à contre-courant de l'esprit de l'alliance. On se souvient que le président de la formation de feu Mahfoud Nahnah s'était attiré les foudres de ses deux alliés lors d'une réunion au sommet que son parti avait abrité. En effet, le discours qu'il avait prononcé à l'ouverture de ladite réunion qui s'était déroulée pendant le mois de ramadhan en avait choqué plus d'un. A telle enseigne que la presse s'était demandé si Bouguerra Soltani n'allait pas annoncer à l'issue de son intervention son retrait de l'alliance. Mais il n'en fut rien. Les pendules s'étaient remises à l'heure. Mais il restait un élément clé qu'il n'arrivait pas encore à contenir. Le vent de mécontentement au sein de son parti. C'était le cas, effectivement à l'occasion de la préparation des listes électorales pour les dernières législatives. Le patron du MSP en avait exclu la majorité des députés qui voulaient postuler pour un second mandat compte tenu du capital expérience qu'ils avaient acquis dans l'activité parlementaire. Usant de son intelligence, il a trouvé une solution en soumettant les candidatures à la base qui appelait, elle, à l'alternance. C'est ainsi qu'il a réussi son coup de force contre ceux qui allaient devenir ses plus redoutables adversaires à la veille de la tenue du congrès. Et il faut dire qu'il a eu des sueurs froides. N'eût été la «sagesse» des uns et des autres, Bouguerra Soltani aurait signé son retrait de la vie politique, du moins pour un moment. Son plébiscite en poche, il s'attela à réorganiser le parti et à s'inscrire totalement dans le sillage de l'alliance, même s'il l'a écorchée en faisant dans la vente concomitante à travers les propositions de loi déposées sur le bureau de l'Assemblée et relatives à la dépénalisation des délits de presse et de prêche. Reste alors le FLN qui vit une crise latente. Qui semble, au demeurant, aller vers une endémie. La preuve en est, pour rester dans l'actualité, que, depuis le limogeage de Abdelaziz Belkhadem de la tête du gouvernement, des voix ne cessent de s'élever à partir du siège social du parti pour dénigrer le secrétaire général, ses décisions et ses prises de position. Il demeure établi que la revendication de la tenue d'un congrès extraordinaire, à défaut d'un conseil national qui inclurait les contestataires, comme Zidouk et Abbès, va se faire plus pressante. Et c'est certainement à ce moment-là que se jouera l'avenir de Abdelaziz Belkhadem s'il ne reprend pas les choses en main en restructurant le FLN et en s'inscrivant en droite ligne dans le sillage de la ligne politique de l'Alliance présidentielle. Parce qu'il n'est pas évident qu'il y ait une vie politique en dehors de la coalition fondée en février 2004. C'est peut-être le seul moyen pour l'un des doyens des partis de reprendre du poil de la bête. F. A.