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Je n'ai pas pu dire adieu à mon fils
Publié dans El Watan le 21 - 12 - 2018

Le phénomène de la harga prend des proportions alarmantes. Le danger omniprésent ne dissuade pourtant pas une jeunesse désabusée, prête à prendre tous les risques pour fuir un avenir incertain. Les conséquences pour eux et pour leur famille sont sans commune mesure. El Watan Week-end est parti à la rencontre des mamans dans l'attente de leurs enfants ayant pris la mer en octobre dernier. Témoignages.
Mardi 6 novembre, Madame Zikara ne le sait pas encore, mais c'est peut-être la dernière fois qu'elle voyait ses enfants, . Car le lendemain, Younès (26 ans) et Hicham (24 ans) prendront la route vers El Kala.
Un rendez-vous a été fixé pour le jeudi 8 novembre à 3h30. Là-bas, un canot les attend pour joindre l'autre rive de la Méditerranée.Ce qu'ils n'ont pas réussi. Selon les échos de la famille, la barque qui transportait 14 personnes– dont un couple, des Algérois et des Annabis – aurait été attaquée au large par un autre groupe de harraga qui voulaient voler leur argent et de l'essence.
Quelques jeunes auraient réussi à rejoindre la terre à la nage, un corps a été retrouvé sur une plage une semaine après et six autres sont toujours portés disparus. Parmi eux, Younès et Hicham. Les deux frères ont grandi dans le quartier Meissonnier, à Alger-Centre. Issus d'une famille de six personnes, ils ont été élevés sans manquer de rien.
Dans le même quartier, ils ont fréquenté l'école Abou Kacem Chebbi, puis le lycée Amr Bnou El Khattab, mais ils ont préféré se limiter au niveau terminale du secondaire et ont choisi de ne pas faire d'études supérieures. «Je n'ai jamais eu de mauvais échos sur leur éducation ou leur comportement. Ils étaient aimés par notre entourage, tout le quartier les aime et témoigne de leur bonne conduite», confie M. Zikara.
Très attachés à leur quartier, les deux jeunes n'ont pas pu déménager avec leurs parents dans leur nouvelle maison. «On a déménagé il n'y a pas longtemps dans notre nouvel appartement AADL. On a eu les clés il y a quelques mois, mais les garçons n'ont pas voulu venir. Ils ont préféré rester à Meissonnier, dans notre F2», témoigne la maman.
Des frères pas ordinaires
Au vu des informations sur leur jeunesse, on comprend vite que Younès et Hicham ne sont pas des frères ordinaires. Malgré les deux ans qui les séparent, ils étaient très proches et complices. «Mes enfants étaient proches l'un de l'autre malgré les deux années d'écart entre eux.
Ils ont grandi ensemble, ils travaillent ensemble, sortent ensemble, s'habillent de la même façon, ont les mêmes amis et font les mêmes choix… d'ailleurs, on les prenait souvent pour des jumeaux», confie leur maman. Si leurs choix étaient d'ordinaire les mêmes, ça n'a pas été le cas pour la harga. «Younès voulait se marier, fonder une famille et rester auprès de nous… C'est une personne très sensible à l'esprit de famille.
Il aime beaucoup son pays, il n'a jamais pensé à le quitter.» Si Younès a pris le large ce 8 novembre, c'est pour protéger son petit frère et les jeunes du quartier qui sont partis avec eux. «Les rescapés du canot m'ont avoué qu'une fois sur le territoire français, Younès comptait se présenter au poste police le plus proche pour rentrer au pays. Il est parti juste pour accompagner son frère et s'assurer qu'il arriverait sain et sauf…
C'est un garçon très sensible et gentil», raconte un ami intime de Younès. A la base, c'est Hicham qui voulait à tout prix quitter l'Algérie. Il y a quelques mois déjà, le jeune homme voulait tenter d'atteindre l'Europe via la Turquie. Son plan : prendre un billet vers la Turquie, passer la frontière vers la Grèce qui a la plus grande frontière de l'Union européenne.
Il avait tout organisé tout seul, sans informer ses parents. «Je suis descendue à Meissonnier pour les voir un matin, et Hicham m'a lancé : ‘‘Mama, j'ai pris un billet, je pars aujourd'hui à 19h''. Je ne m'attendais pas à ça, il m'a surpris… Il m'a ensuite dit qu'il lui fallait de l'argent pour payer un homme qui les aiderait à passer la frontière de la Grèce.
Se retrouvant dans une impasse, on lui a donné une somme qu'on avait mise de côté son père et moi.» Apeurée par le parcours dangereux que son fils songeait de prendre, M. Zikara a tenté à maintes reprises de dissuader Hicham, jusqu'au jour de son départ.
«Il devait partir avec trois amis. Je n'étais pas contente de sa décision, j'avais peur et il l'avait très bien compris. A la dernière minute avant embarquement, il a décidé de renoncer et est rentré à la maison», raconte Madame Zikara, qui se souvient qu'il lui avait dit : «Je ne pouvais pas te savoir pas bien et partir et te laisser. Je ne veux pas que tu sois triste à cause de moi.» Mais la réticence du jeune homme n'a pas duré longtemps.
Car quelques semaines après, influencé par des amis du quartier installés en Europe et un jeune Annabi qui lui a proposé un marché, le jeune pense à traverser la mer sur une barque ! L'idée de la harga a commencé à s'installer chez Hicham quand il a reçu les messages de ses amis : «On est très bien, on a une belle vie, rien ne nous manque, venez et vous ne manquerez de rien…»
C'est ce qu'on lui promettait. Puis, un autre facteur a accentué l'influence. La maman raconte : «Un ami à eux, Zaki, est venu de Annaba et a passé environ un mois avec eux à Meissonnier. A ce que je sache, c'est lui qui leur a présenté quelqu'un qui organise des harga à partir d'El Kala.»
Téléphone muet
M. Zikara n'était bien évidemment pas au courant du projet de ses enfants. Ce mercredi 7, elle les appelé plusieurs fois. Tout allait bien. Pour elle, ils étaient chez eux à Meissonnier. Le lendemain, dès 10h, les appels ne passaient plus. «J'ai passé toute la journée à les chercher et demander après eux. Vers 14h, j'ai appelé leur ami intime Youcef pour me renseigner, il m'a dit que les enfants étaient en mer depuis 13 heures déjà…
Je ne savais plus quoi faire, mis à part de prier pour qu'il ne leur arrive rien», se souvient la maman éplorée. Quelques heures après, on l'appelle pour lui dire qu'ils sont biens arrivés, qu'il faut se connecter sur Facebook et attendre leur appel. Fausse alerte, quelques minutes après il s'avère que ce n'était pas leur barque. Meme chose vers 3h : un signal a été capté d'une barque en panne d'essence à 15 km de la Sardaigne.
Ce n'était pas la leur, mais probablement celle du groupe qui aurait attaqué le canot de Younès et Hicham. «On m'a raconté qu'une fois au large, une autre barque s'est approchée et un certain Annabi dénommé Daïdou les attaqués avec une épée. Parait-il, Younes a essayé de le repousser avec un fumigène.
Quand le feu s'est éteint, il aurait dit à ses amis de rejoindre l'autre barque le temps qu'il repousse l'agresseur. Il s'est sacrifié pour les autres, il a toujours été comme ça», ajoute M. Zikara. «Je ne sais plus qui ni quoi croire. Il y en a qui m'ont dit qu'il a été blessé, d'autres qu'il est tombé de la barque… Je n'ai aucune information sûre, je laisse mon destin à Dieu je n'ai que lui», lance M. Zikara, qui fond en larmes.
Livrée à elle-même, la famille Zikara a depuis ce jour frappé toutes les portes pour avoir une éventuelle information sur le sort de ses deux enfants. «Je ne les ai même pas vus, je n'ai pas eu le temps de les prendre dans mes bras, je n'ai pas pu les embrasser… Ma foi en Dieu est grande, s'ils sont vivants j'espère qu'il me les rendra, s'ils sont morts, je suis consciente que c'est le destin et que Dieu a voulu ainsi», pleure madame Zikara. Mais le pire, c'est qu'elle n'est pas la seule.
Plusieurs mamans pleurent leurs enfants et attendent de leurs nouvelles. Rien que depuis le début novembre, plusieurs villes ont été bouleversées par le phénomène harga. Des jeunes à la fleur d'âge prennent les barques pour «fuir» leur pays, laissant des familles affligées. Pour finir dans des centres de détention européens, en prison ou parfois comme nourriture des poissons…
Handicapé
A Bab El Oued, Nacéra Kherza n'a aucune nouvelle de son fils Kamel, 19 ans, depuis le 22 novembre. Il a pris le large depuis Annaba, vendredi 23. «Kamel s'est fait percuter par une voiture. Il était en convalescence, je n'aurais jamais pensé qu'il songeait de partir de cette façon, malgré le fait qu'il lui est arrivé d'exprimer sa volonté de quitter le pays», explique Nacéra. En effet, le jeune homme, attardé mental et titulaire d'une carte de handicapé, en avait marre de sa situation. Toute sa vie, il n'a eu aucune prise en charge adéquate à son cas.
Pour aller à l'école, il devait se déplacer chaque jour de Bab El Oued à Ben Aknoun, par manque de classe intégrée. Ce qui ne l'a pas encouragé à aller de l'avant dans ses études. Il n'a fait que les quatre années du palier primaire. Ce 22 novembre, Kamel est sorti acheter du café.
Du moins, c'est ce qu'il a dit à sa mère. Car une fois dehors, un autre programme l'attendait. «Il m'a appelée pour me dire qu'il allait passer la nuit chez un ami à lui. Il n'arrêtait pas de me dire ne t'inquiète pas yema, il ne m'arrivera rien… Il me disait de prendre soin de moi et je la maison. Au bout du fil, je riais, je ne savais pas que c'était peut-être la dernière fois que je parlais à mon enfant», se rappelle-t-elle, les larmes aux yeux. Kamel savait très bien que le chemin qu'il s'apprêtait à prendre n'était pas facile.
Même programme que les frères Zikara, avec un groupe de jeunes du quartier, il a pris la route vers Annaba, pour ensuite prendre la mer vers l'Italie. «Je n'étais pas tranquille ce jour-là. Kamel n'avais pas pris ses médicaments, je m'inquiétais beaucoup, surtout depuis l'accident qu'il a eu», explique Nacéra. Et de continuer : «On est resté sans nouvelles jusqu'au lendemain. Kamel n'avait pas de téléphone, c'est sur le portable de son ami qu'on a essayé de le joindre, mais rien, ça ne passait pas.»
Deuil
Plus de 24 heures passent. Samedi vers 2h, le frère aîné a reçu un appel. «Kamel a tenté une harga depuis Annaba, mais leur barque s'est renversée en mer.» A l'aube, par peur de sa réaction, on a dit à Nacéra que Kamel avait été à Annaba avec son ami pour acheter de la marchandise et qu'il a été arrêté par la police.
«Mon fils est tout de suite parti à Annaba. Je n'ai pas pu rester à la maison à attendre, j'ai pris les papiers de Kamel, sa carte de handicapé, et je l'ai suivi. Je me suis retrouvée seule à rôder dans cette ville où je ne connaissais personne. Je ne savais pas quoi faire ni où aller, je suis donc rentrée sur Alger.
C'est là que j'ai eu la vraie version. Que mon fils de 19 ans a pris un canot pour quitter le pays !» Le lendemain, deux des compagnons de Kamel rentrent chez eux. Ils expliquent à M. Kherza qu'en effet, le canot s'est renversé et qu'ils ont pu regagner la terre, contrairement aux autres dont ils ignorent le sort. Selon ces derniers, le nombre des personnes disparues est de sept. Jusqu'à aujourd'hui, Nacéra Kherza n'a pas eu de nouvelle de son fils. Elle ne sais pas s'il est mort ou vivant.
Un jour sur deux, elle se rend aux services de la marine de la pêcherie, afin de relancer les recherches et dans l'espoir d'avoir du nouveau. «J'ai foi en Dieu, je veux avoir des nouvelles de mon fils… S'il est mort, je veux au moins avoir ses vêtements pour calmer mon chagrin… (Pleurs) Mais rien n'a été rejeté par la mer, il n'a non plus été confirmé que leur barque a coulé… Rien, nous n'avons aucune information capable de nous aider à passer cette peine. Nous sommes livrés à nous-mêmes… Seul Dieu connaît le secret de ce qui lui est arrivé», déplore Nacéra.
Selon cette dernière, Kamel a à plusieurs reprises dit qu'il voulait quitter le pays. Mais la goutte qui a fait déborder le vase, est «la suppression du marché des Trois Horloges et du marché de dlala de Bab El Oued». En effet, le jeune homme se débrouillait bien dans le commerce. Avec son frère, ils achetaient des survêtements et des baskets pour les revendre sur le marché de dlala (marché informel). «Il ne trouvait plus quoi faire depuis.
En plus, il a toujours été victime des forces de l'ordre. On lui a saisi sa marchandise à plusieurs reprises, pris au commissariat de nombreuses fois… Avec sa fragilité mentale, Kamel prenait ça comme une sorte d'acharnement», explique Madame Kherza. Pendant que ces mamans, et plusieurs autres, sont en attente de nouvelles – bonnes ou mauvaises – de leurs enfants, l'Algérie continue de voir partir ses jeunes.
Elle a dit : Les harraga peuvent être partagés en 3 catégories
1 – Ceux qui sont désespérés de voir leur vie leur échapper et qui décident de partir quel que soit le risque et «tant pis si je meurs, takoulni houta oua ma takoulniche douda» dans le sens où il vaut mieux être mangé par les poissons au vrai sens du mot que de pourrir dans une vie qui n'a pas de sens.
2 – Ceux qui sont dans le rêve et du coup n'évaluent pas le risque, «mourir en mer ça n'arrive qu'aux autres». On se prépare bien, il n'y a pas de risque. Dans ce cas il y a un déni du risque et de la mort. Le harrag se projette et se voit déjà ailleurs, mais c'est le désir de vivre qui est le plus fort. Il ne cherche pas à mourir, mais il meurt en prenant trop de risques.
3 – Ceux qui considèrent que la vie dans leur pays n'est pas intéressante. «Ma mentalité, ma philosophie de vie est faite pour là-bas et non ici…» C'est le cas de Karim qui a essayé neuf ou dix fois. Il a un magasin, de l'argent, une villa, sa famille est aisée. Son rêve est d'être «là-bas». Un de ses copains harrag et a réussi à avoir ses papiers et il a vécu ce fait comme un échec personnel et n'a de cesse de recommencer…
Ce qu'il faut comprendre, c'est que la harga ne date pas d'hier, elle a été exacerbée par le visa. Avant, dans les années 1970-1980, on parlait «d'embarquement clandestin», on trouvait des ados cachés sous des cordages, dans des bateaux… Ils savent qu'ils risquent de mourir, mais écartent l'idée et se disent que «ça vaut la peine, si je réussis, j'aurais la belle vie».
C'est également un phénomène mondial : il y a bien sûr la misère financière et matérielle, mais il y a aussi l'esprit d'aventure de la jeunesse, ensuite l'attirance des pays riches qui miroitent, paraissent sans problème et incarnent l'esprit de réussite, de brillant, de vie… Il faut rappeler pour les pays musulmans la crise globale : économique, sociale, culturelle.
Le manque de perspectives et le poids des coutumes et du religieux qui pèsent de tout leur poids sur la vie des musulmans et obligent les jeunes à l'hypocrisie et au mensonge, alors ces jeunes veulent être ailleurs, vivre leur vie, gagner assez d'argent pour vivre décemment. Ils pensent que lorsqu'on gagne 1200 euros on a la belle vie.
Ce n'est bien sûr que des rêves puisque la plupart des harraga restent des années dans la clandestinité, dans la misère matérielle et affective. Il y a eu un documentaire fait par une jeune scénariste sur les clandestins en France, malheureusement, il n'a pas été suffisamment exploité pour montrer aux jeunes que est la vie misérable d'un clandestin en Europe…
Professeur Badra Mouatassem Mimouni. Directrice de recherche au Crasc et enseignante au département de psychologie de l'université d'Oran.


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