Durant des décennies, les scientifiques pensaient tout connaître sur les mécanismes naturels intriqués du cycle de l'azote. Pour rappel, ce processus est essentiel pour la vie sur Terre, où l'azote passe de l'atmosphère au sol puis à l'océan avant de regagner l'atmosphère (l'air est à 78,08 azote et 20,95 % oxygène). L'azote est un élément nutritif primordial pour les organismes, entrant dans la génération de molécules organiques complexes, à l'image de l'ADN. Dans les zones océaniques pauvres en oxygène (anaérobiques), les bactéries sont au cœur de la dénitrification où elles gobent les nitrates pour les convertir en azote gazeux avant d'être largué dans l'atmosphère. Mais en 1995, des chercheurs néerlandais ont proposé un autre scénario rendant compte de la production de l'azote : l'oxydation anaérobique (anammox) prépondérant au sud-est tropical de l'océan Pacifique. De là est née une controverse sur lequel des deux processus, la dénitrification ou l'anammox, est dominant dans ces zones océaniques anaérobiques. Maintenant, une équipe de recherche de l'université de Princeton (USA) revigore la dénitrification comme étant le principal acteur du retour de l'azote dans l'air, selon leur article publié dans le dernier numéro de la revue Nature. Prenant exemple de la mer d'Arabie, qui est le plus grand écosystème marin anaérobique dans le monde (3,6 millions km2), les océanographes américains écrivent que 88-99% de la production de l'azote est due à la dénitrification, corroborée par une présence accrue des bactéries dénitrifiantes. En conclusion, la large contribution de la dénitrification dans la mer d'Arabie indique que ce processus pèse plus que l'on croyait dans le « budget » de l'azote océanique.