Lors du Salon international de l'artisanat traditionnel qui s'est déroulé du 24 au 28 novembre dernier au palais des expositions à la Safex, à Alger, un stand a particulièrement interpellé les visiteurs. Il s'agit de Pantaroual, un nom qu'avaient choisi Asma et Salima, deux créatrices venues de Constantine pour nommer leur entreprise. Spécialisées dans la confection de «tenues algériennes», ces deux architectes de formation, que la vie professionnelle a réunies, ont fait de l'artisanat une autre source d'inspiration et d'aventure. Elles ont créé depuis une année leur propre entreprise de fabrication de vêtements. Le temps d'un week-end, elles laissent de côté leur vie d'architecte et se consacrent à leur passion. Ce projet n'est pas le fruit du hasard, mais l'importation massive et le dénigrement qu'ont les Algériens pour la production artisanale nationale les ont poussées à réfléchir sur la faisabilité de monter leur propre entreprise. C'est, justement, de là qu'est née la microsociété Pantaroual. Un projet qui vise essentiellement à «mettre en valeur l'artisanat, lui-même étant un domaine de pure création», c'est du moins ce que déclare l'une des initiatrices Salima. Elle insiste également sur l'importance de créer un vêtement spécifique : «Nous nous basons dans nos modèles sur la diversité culturelle algérienne. Nous essayons à chaque fois de toucher au patrimoine national avec une touche de modernité», étaye-t-elle. Les modèles exposés, notamment ceux que portaient les deux hôtesses, ne pouvaient laisser les présents indifférents à leur charme. Des modèles inédits où la tradition se met au goût du jour. Ce ne sont pas des tenues traditionnelles comme on en découvre souvent, il s'agit là d'habits aussi originaux que confortables. Des robes, des pantalons (seroual), des gilets et autres vêtements qu'on peut parfaitement porter en été comme en hiver et à toutes les occasions. Il existe des gammes pour des usages différents : pour la maison, les vacances ou encore les petites réceptions. Un travail soigné dont le but est de créer «un vêtement identitaire et spécifique à notre culture algérienne et à travers lequel toute femme peut afficher son appartenance et marquer sa présence sans complexe», explique-t-elle. Et d'ajouter : «Moi-même, je porte mes tenues en toute fierté quand je suis à l'étranger.» Les deux artisanes réalisent un modèle unique et exclusif. «On ne peut jamais tomber sur deux modèles identiques, c'est aussi ça l'avantage de l'artisanat, contrairement à l'industriel», témoigne Salima. Pour le choix des matières et des couleurs, les deux créatrices s'inspirent de leur état d'âme pour réaliser un quelconque modèle. «Un vêtement est beau par sa découpe, sa couleur et le choix des matières». Les deux comparses et complices sont sensibles à toutes les couleurs et aux matières ayant des vertus climatologiques telles que le lin et le coton. Des textiles qu'on ne trouve pas facilement sur le marché algérien. Il est toutefois regrettable de ne pas pouvoir exploiter les tissus nobles dont regorge notre pays, notamment dans le Sud. Pour leurs projets futurs, Asma et Salima caressent le rêve d'ouvrir leur propre boutique dans leur ville natale, Constantine, devenant ainsi totalement indépendantes. Un espoir qui tarde à se réaliser faute de moyens, mais l'ambition reste toujours présente pour ces deux passionnées de couture.