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«L'Etat ne doit pas avoir une coloration confessionnelle»
Publié dans El Watan le 03 - 12 - 2011

-Qu'est-ce que vous attendez de cette rencontre islamo-chrétienne ? Faut-il en attendre quelque chose ?
Il est bon que des croyants, en l'occurrence, des chrétiens catholiques et des musulmans passent du temps ensemble et qu'ils s'engagent dans des déclarations solennelles pour la justice et la paix. Alors, faut-il en attendre quelque chose ? A mon avis, non. Pas nécessairement. Peut-être même surtout ne rien attendre. Si ce n'est, encore une fois, l'affirmation d'une volonté commune, à lutter par tous les moyens contre ce qui avilit l'homme, bafoue ses droits, ratatine son être et aliène sa dignité. Et cela d'ailleurs, conformément aux références scripturaires des croyants chrétiens et musulmans.
Nous entendons beaucoup d'aucuns nous dire qu'il faut que nous nous indignions, mais, de mon point de vue, l'indignation n'a de sens que si elle est suivie d'actes concrets, palpables pour pourfendre ce contre quoi nous nous insurgeons. Nous ne devons pas être complices par l'inaction ou le silence de ce que nous dénonçons par ailleurs. Vivre de nos jours en juif, en chrétien ou en musulman implique des devoirs à l'égard de l'homme quel qu'il soit et de la nature en accord avec un système éthique de référence dans la tradition monothéiste abrahamique, fondée, en principe, sur la miséricorde, la bonté, l'accueil et la générosité.
-Des questions au programme de ces deux journées, laquelle vous semble prioritaire et pourquoi : les aumôneries en hôpital, en prison et dans l'armée, le mariage civil religieux et mixte, la laïcité, religion et politique ?
Celle assurément concernant la laïcité, la religion et la politique. De nos jours, on ne peut pas prétendre gouverner au nom d'une tradition religieuse, et l'Etat ne doit pas avoir une coloration confessionnelle. La démocratie ne se réduit pas qu'au formalisme creux des élections avec une majorité sortie des urnes. La démocratie est beaucoup plus profonde et plus «grave». Elle est avant tout la protection du citoyen in abstracto de ses appartenances confessionnelles et de ses orientations métaphysiques. D'autant plus que dans une société plurielle et ouverte, on ne peut pas se prévaloir de son «sacré» pour museler autrui ou imposer à son concitoyen son mode de vie. La déconnexion des deux ordres temporel et spirituel est une garantie pour que plus jamais la religion ne sera domestiquée ni asservie par la politique. La collusion telle que figurée dans les partis islamistes est une calamité pour les peuples arabes et musulmans. C'est d'autant plus navrant que ce qu'on appelle printemps arabe s'est produit avec des mots d'ordre autres qu'un projet où la forte prégnance du religieux caractériserait la société.
-Comment vivez-vous la rencontre interreligieuse ? Que vous apporte-t-elle ?
Je la vis comme une rencontre d'hommes et de femmes, mes semblables et mes frères et sœurs en l'humanité, avec leur richesse intérieure, leur part de mystère et leurs interrogations devant les contingences de la condition humaine et la finitude de l'homme. Je la vis aussi comme une émulation saine à faire le bien autour de soi. C'est une occasion d'éprouver l'altérité et d'approfondir les questions de foi, de spiritualité et d'engagement au service de l'homme. Il faut savoir, à ce sujet, distinguer les registres. On n'aborde pas les questions éthiques comme on étudierait les points doctrinaux et les postulats dogmatiques et théologiques. Tout comme l'approche mystique de recueillement et de prière avec son corollaire artistique pour exprimer l'ineffable est totalement différente des problématiques sociétales et socio-économiques internes aux Etats, ou des questions géostratégiques dans les rapports internationaux.
La rencontre interreligieuse, et même la rencontre tout court, est nécessaire en ces temps de crispation, de repli et de défiance. Maintenant que les uns et les autres ont compris que le dialogue-mission ou le prosélytisme sous couvert de rencontres sont pour le moins inopérants, il reste à s'en tenir à vivre dans la fidélité à l'idée qu'on se fait de la Révélation et du divin. A titre personnel et comme président de la Conférence mondiale des religions pour la paix, bien que je n'aie pas de mérite, elle m'ouvre des horizons éthiques et spirituels jusque-là insoupçonnés. Elle m'enseigne le sens de la militance pour une ère promise de concorde entre les peuples fondée sur la justice.
-La question que je n'ai pas posée mais à laquelle vous auriez aimé répondre ?
Peut-être la question relative à l'intérêt de construire des mosquées aux coûts faramineux en pays d'islam alors qu'il eût mieux valu qu'on donnât la priorité aux infrastructures pérennes, dont il faut rattraper le retard, pour le bien-être du citoyen tels des LGV, des hôpitaux, des écoles et des habitations décentes en nombre suffisant. Et d'ailleurs ce n'est pas tant la construction d'une autre grande mosquée, alors qu'on en a la pléthore, qui pose problème, que l'enseignement qui y est dispensé… Nous avons affaire, hélas, à l'ignorance institutionnalisée garantie par le divin et enseignée par des imams à la formation traditionnelle et éculée, alors qu'elle n'est que la construction d'acteurs sociaux à travers l'histoire.
Nous avons davantage besoin d'instituts d'islamologie appliquée avec toute la batterie de disciplines modernes que de lieux de culte. Il est temps pour nous, musulmans, de sortir des clôtures dogmatiques, des enfermements doctrinaux et des glaciations idéologiques par un énorme effort de réflexion et de refondation de la pensée théologique afin de déplacer nos études vers d'autres horizons cognitifs porteurs de sens et d'espérance. Ce n'est qu'à ce moment que nous sortirons de l'ornière et que nous nous affranchirons de l'obscurantisme qui engourdit nos esprits et aliène nos sociétés.


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