Le Pentagone a annoncé, dimanche 23 décembre, la signature du décret ordonnant le retrait des troupes américaines de Syrie dès que possible. Cette décision concerne quelque 2000 militaires américains stationnés dans le nord-est de la Syrie où ils luttent contre les djihadistes aux côtés des Force démocratiques syriennes (FDS), une coalition de milices arabo-kurdes. Cette décision, très controversée dans le camp des républicains, avait entraîné les démissions du ministre de la Défense Jim Mattis et de l'émissaire américain pour la coalition internationale antidjihadiste, Brett McGurk. Donald Trump, opposant de longue date à la présence américaine dans un conflit jugé coûteux, avait estimé, mercredi 19 décembre, que les troupes américaines n'étaient plus utiles, car le groupe Etat islamique (EI) était «en grande partie vaincu». «Le président Erdogan de Turquie m'a donné des assurances dans des termes très forts qu'il va éradiquer ce qui reste de l'EI en Syrie», a encore tweeté tard dimanche 23 décembre Donald Trump. «Nos troupes rentrent à la maison», a-t-il ajouté. Les FDS ont pour leur part menacé de suspendre la lutte contre l'EI pour défendre leur territoire et libérer les centaines de djihadistes étrangers en détention, dont le sort est un casse-tête pour les Occidentaux. Selon le président américain, ce retrait devrait être «lent et extrêmement coordonné» avec la Turquie. Une telle stratégie vise à éviter un vide du pouvoir dans les régions contrôlées par les rebelles kurdes qui pourrait bénéficier au régime du président syrien, Bachar Al Assad. Ce départ va aussi laisser la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG) sans soutien militaire alors que la Turquie menace de l'attaquer, considérant les combattants kurdes comme des terroristes. Ankara redoute en effet de voir s'instaurer un embryon d'Etat kurde à ses portes, qui renforcerait les velléités séparatistes de la minorité kurde en Turquie. Selon Nasr Al Hariri, ce vide pourrait notamment pousser les Kurdes à se rapprocher du pouvoir syrien pour se prémunir d'une offensive turque et tenter de préserver une relative autonomie.