Les propos du président de la Fédération des associations algériennes en Europe, Noureddine Belmeddah, ont suscité l'ire des responsables du ministère des Affaires étrangères. Et la réaction de cette institution ne s'est pas fait attendre. Le ministère a réagi en usant d'un ton fort, qualifiant d'« intempestives » les déclarations de M. Belmeddah, par lesquelles il reproche au ministère et à son réseau diplomatique et consulaire de « ne pas s'acquitter pleinement » de leur mission de protection de la communauté algérienne à l'étranger. M. Belmeddah avait effectivement, dans une conférence de presse tenue lundi dernier à Alger, dénoncé la passivité des représentations diplomatiques algériennes à l'étranger, les considérant comme des « boîtes à lettres ». Le ministère déplore ces accusations « injustes » et se défend en affirmant être constamment « à l'écoute » des doléances de la communauté algérienne à l'étranger en général et en particulier des responsables de la Fédération dont le président est « régulièrement reçu » aussi bien à Alger qu'au sein des missions diplomatiques et consulaires en Europe. Le département de Mourad Medelci dit regretter que ces déclarations qui risquent de « susciter le trouble et la confusion dans les esprits » interviennent au moment où « les pouvoirs publics sont engagés dans une entreprise d'approfondissement et de rénovation des liens entre l'Algérie et sa communauté nationale à l'étranger, à travers la création du Conseil national de l'émigration et la mise en place prochaine de ses structures ». Le ministère tient à relever, dans ce cadre, que « contrairement aux propos de l'intéressé, la problématique de l'émigration illégale fait l'objet d'une attention particulière dans les relations algéro- espagnoles et de la sollicitude des plus hautes autorités de notre pays ». Le ministère affirme ainsi procéder de manière constante au « rapatriement » de l'ensemble des personnes se trouvant dans une situation illégale. Cette institution répond également à M. Belmeddah sur la question des harraga décédés en mer et qui auraient été enterrés en Espagne. Elle souligne ainsi qu'il n'y a sur tout le territoire espagnol des doutes sur un total de six personnes dont les tests ADN doivent déterminer la filiation algérienne. Il ne s'agit donc pas pour le ministère de centaines de personnes, comme déclare le président de la Fédération. Concernant l'affaire des 70 ressortissants algériens arrêtés en Espagne entre 2000 et 2006 et accusés de terrorisme, le ministère précise que « toutes ces personnes ont bénéficié de l'assistance judiciaire prodiguée par l'ambassade d'Algérie à travers son avocat conseil ». « Une assistance, affirme-t-il, qui se poursuit toujours pour obtenir réparation au profit de ceux de nos ressortissants ayant fait l'objet d'un non-lieu. » M. Belmeddah avait déclaré à ce propos que certains de ces Algériens se sont vu retirer leur passeport par la représentation consulaire sans aucune explication. La mise au point du ministère n'apporte, elle non plus, aucun élément de réponse. Sans leurs passeports, ces Algériens risquaient l'expulsion. Dans son souci de mettre en valeur « l'excellent travail » de nos ambassades, le ministère a omis de parler du sort des dizaines d'Algériens qui se trouvent dans des centres de rétention en Espagne et en Italie et qui, selon M. Belmeddah, subissent un mauvais traitement.