Une scène ne manque pas de vous frapper quand vous débarquez dans la capitale indienne, celle d'enfants vêtus de haillons et déchaussés, qui se faufilent entre les files de voitures prises dans les embouteillages, pour proposer aux automobilistes des revues, des jouets, et toutes sortes d'objets. Il y a aussi ceux qui vous arrachent un sourire, avec leurs visages barbouillés et qui vous demandent l'aumône en s'adonnant à des acrobaties attendrissantes. Pour quelques roupies, des milliers d'enfants des rues indiennes s'improvisent mendiants, artistes et vendeurs. Mais la misère dans laquelle vivent des centaines de milliers de bambins dans les villes indiennes n'empêche pas le gouvernement indien d'être très vigilant sur les adoptions de mineurs par des étrangers. Il y a quelque jours, la Cour suprême indienne a débouté un couple d'Américains qui voulait adopter un enfant indien âgé de 10 ans et atteint d'un handicap mental. Bien que les autorités indiennes avaient donné leur autorisation pour l'adoption de Anil, la justice a décidé de bloquer la procédure, car le juge a eu des doutes sur la véritable intention des deux Américains, la cinquantaine, déjà parents de trois enfants ; de plus, le père souffrant d'une paralysie cérébrale. Selon le juge indien, ce couple voulait adopter le petit Anil, invalide, pour en faire un domestique exploité et maltraité. Ayant fait recours contre cette décision, le couple américain s'est même vu infliger une amende salée pour avoir « fait perdre du temps à la magistrature avec des motifs futiles ». La nouvelle loi indienne sur les adoptions est très rigoureuse et n'autorise l'expatriation que d'enfants abandonnés, dont les couples indiens ne veulent pas. Les autres, sains et sans handicap ou pathologie, ne peuvent être adoptés que par des familles indiennes.