A la suite de la dimension politique prise par l'affaire Dieudonné, l'Union des juifs de France pour la paix (UJFP) a rendu public le communiqué suivant : « Une des tâches primordiales de l'UJFP est de faire entendre la diversité réelle de pensée, d'opinion et de sensibilité des Français d'origine juive qui sont plus d'un demi-million en France. A ce titre, il nous paraît scandaleux que le dîner du CRIF soit considéré ces dernières années par toute la classe politique comme la troisième Chambre du Parlement français. Chaque année, le gouvernement entier et de nombreux parlementaires s'y précipitent pour montrer patte blanche et faire la démonstration qu'ils ne sont pas antisémites. Et chaque fois, le piège tendu par cette « instance communautaire » et son président, Roger Cukierman, se referme un peu plus sur les politiques français entraînés dans une logique infernale : démontrer que l'on n'est pas antisémite ne peut se faire, selon le CRIF, qu'en acceptant toujours plus l'assimilation de l'antisionisme à l'antisémitisme et en se taisant de plus en plus sur la politique israélienne d'occupation. En 2003, Cukierman désignait les ennemis antisémites : « Verts bruns rouges » accusant ainsi des forces progressistes d'antisémitisme parce qu'elles se mobilisent pour la Palestine et contre le gouvernement de Sharon. Aujourd'hui, il rend les copies au gouvernement : sur l'antisémitisme, assez bien, mais sur la politique étrangère du gouvernement concernant le monde arabe, très médiocre. Et ce au nom des juifs de France ! Les juifs français ont toutes les opinions politiques sur leur gouvernement et votent dans tous les partis, leurs choix sont individuels et non communautaires, contrairement à ce que veut faire croire M. Cukierman. Pratiquant le pire des communautarismes, il associe publiquement juifs et Israéliens, antisémitisme et antisionisme, faisant croire qu'il y a dans ce pays une « communauté » qui voterait d'une seule voix pour des intérêts qui sont aujourd'hui ceux de Sharon. Quant à nous, nous considérons que ceux qui tentent d'embrigader tous les juifs de France dans un soutien systématique de la politique de Sharon et qui manipulent l'antisémitisme dans ce pays comme une arme pour faire taire toute critique à l'égard de la politique israélienne portent une responsabilité grave dans les tensions qu'ils réveillent et entretiennent. Nous attendons du gouvernement qu'il agisse en matière de racisme avec fermeté et détermination contre toutes les discriminations et violences racistes, antisémitisme inclus, en montrant ainsi qu'il respecte le principe d'égalité de tous les citoyens devant la loi. En tant que juifs, nous ne souhaitons pas de régime privilégié, qui ferait de nous des citoyens « protégés », nous revendiquons les mêmes droits, les mêmes devoirs et le même respect que tous les citoyens. Nous attendons de la politique étrangère de la France des mesures fermes de sanctions contre les violations des droits de l'homme commises par le gouvernement israélien, l'arrêt de toute coopération militaire avec Israël, l'application des décisions de la Cour internationale de justice de La Haye concernant le mur, l'application du vote du Parlement européen demandant la suspension de l'accord d'association entre l'Union européenne et Israël. Pour nous, la législation internationale est la même pour tous les Etats, le rôle de la France est d'exiger son application par tous et de condamner toute violation de ce droit. Nous avons, par ailleurs, été sensibles aux honneurs rendus par notre gouvernement au président Arafat, représentant défunt de tout son peuple. Les citoyens français juifs que nous sommes condamnent avec la plus grande fermeté les propos communautaristes et sectaires tenus par M. Cukierman et affirment avec force : non il ne parle pas en notre nom ! »