Comme à l'accoutumée, le consommateur a été pénalisé à l'occasion de cet Aïd El Fitr. Les commerçants censés assurer la pérennité du service ont plutôt préféré baisser leurs rideaux après avoir fait fortune durant tout le mois de Ramadhan. A Alger-Centre ou dans d'autres communes de l'est et l'ouest de la capitale, la notion de service minimum a été ignorée. Et pour cause, des milliers de citoyens et de passagers se sont retrouvés abandonnés à leur sort. Au deuxième voire au troisième jour de l'Aïd, la quasi majorité des restaurants, des boulangeries et bien d'autres commerces sont restés fermés. Ni les appels des représentants des commerçants ni la conscience professionnelle n'ont convaincu nos vendeurs de se mettre au service de leurs clients. A la rue Tanger, ou du côté du marché Clauzel dans, respectivement, la commune d'Alger-Centre et de Sidi M'hamed, seule une dizaine de restaurants ont été ouverts. Le service, a-t-on constaté, était mauvais et les restaurateurs ont profité de leur monopole pour ne proposer que des brochettes, du poulet et des frites, « un menu plus rentable » souligne un client. Les rares restaurants ayant servi des soupes ont carrément triché dans la qualité. « On m'a servi un plat de loubia sans goût », s'indigne un client. Des travailleurs ayant quitté leur foyer au lendemain de l'Aïd n'ont pas trouvé « où prendre un bol de chorba pour rompre le jeûne des sabirines », témoignent plusieurs citoyens. Cependant, le grand luxe, 36 heures après l'Aïd El Fitr, est le pain. Des files d'attente se sont dressées devant les quelques boulangeries ayant tenu à rester de service et des altercations ont été même enregistrées. L'appel du comité des boulangers à l'endroit de ses adhérents est tombé dans l'oreille de sourds. « On dirait qu'ils se sont donné le mot de boycotter les consommateurs », lance, dépitée une mère de famille. Selon elle, cette année, les commerçants ont « exagéré », « c'est de l'irresponsabilité », lance-t-elle. Par ailleurs, force est de rappeler que l'absentéisme des commerçants ne s'est pas limité au centre d'Alger. Des localités à l'exemple de Dergana et d'Ouled Moussa ont fait les frais de l'inconscience de certains commerçants. A Ouled Moussa, apprend-on, le pain était introuvable dès l'après-midi. Une bonne partie des autres commerces était aux abonnés absents. A Dergana, « le marché était désert, même les vendeurs ambulants ont prolongé leurs vacances », indique un habitant. Toutefois, il est à préciser que les plus grands absents demeurent les services de commerce de la wilaya. En fait, outre leur incapacité à assurer un contrôle continu et rigoureux de l'activité commerciale, légale et/ou illégale, la direction du commerce semble être la dernière concernée par « cette situation qui frôle la provocation » Plusieurs citoyens ont d'ailleurs relevé ce détail et exprimé leur indignation : « Les autorités publiques devraient s'impliquer et contraindre, s'il le faut, les commerçants à assurer le service minimum le jour de l'Aïd et reprendre l'activité, normalement au lendemain de la fête », estime un homme d'un certain âge. En outre, on doit préciser que ce phénomène renseigne, on ne peut plus mieux, sur l'anarchie et le manque d'encadrement de l'activité commerciale toutes spécialités confondues au niveau de la capitale.