On ne le répétera jamais assez : le citoyen algérien peine à avoir un train de vie ordinaire les jours de fête. Durant les deux jours de l'Aïd El Fitr qui sanctionne un mois de jeûne, il a eu toutes les peines du monde à s'approvisionner en pain ou autres denrées alimentaires, en raison de la fermeture de nombreux commerces. Un fait loin d'être inédit puisqu'il «s'impose» à chaque fois à la même période mais qui n'en agace pas moins le citoyen. Certains commerçants choisissent le mois de Ramadhan pour leur congé annuel. Même si cela est son droit absolu, il va sans dire que l'organisation des activités commerçantes est indispensable pour que le citoyen ne se retrouve pas pénalisé par cette situation qui échappe vraisemblablement au contrôle de l'Etat. En dépit des nombreuses et incessantes mises au point que le gouvernement réitère à la veille de chaque mois sacré, les choses n'évoluent pas et deviennent désespérément récurrentes. Le plus grave est que, en dépit de l'intervention de l'Etat, rien n'y fait : les directives des services du ministère du Commerce enjoignant aux commerçants d'ouvrir durant les jours de fête ont peine à être traduites sur le terrain et à être respectées par les concernés. Alors question : pourquoi l'Etat ne passe-t-il pas la vitesse supérieure et utiliser les moyens légaux dont il dispose pour obliger les commerçants récalcitrants à respecter sa volonté ? Il semble que, dans beaucoup de situations, seul l'argument de la force peut prouver son efficacité devant ceux qui n'ont aucun respect pour la réglementation et la loi. Et c'est précisément lorsque l'Etat fait preuve de respect vis-à-vis de ses propres décisions et directives qu'il arrivera à se faire respecter. Si ce type de pratiques, et bien d'autres, persistent, c'est parce que leurs auteurs ont senti l'absence ou le flottement de l'Etat et ont compris que, bien souvent, ses représentants ne se démènent pas comme il le faut en vue de faire appliquer la loi. Pour une raison ou une autre. Et au bout du compte, c'est toujours le citoyen qui fait les frais du laisser-aller généralisé. Situation burlesque : l'Union générale des commerçants et des artisans algériens (UGCCA), qui avait appelé les commerçants à ne pas baisser rideau les jours de fête de l'Aïd vient d'appeler à une journée de grève. Si l'Etat peine à se faire respecter, reste à se demander comment une organisation visiblement peu représentative et efficace peut-elle être suivie ? Il en est de même pour l'Association algérienne de défense des consommateurs dont on n'entend parler de ses activités qu'épisodiquement. C'est dire l'absence et la faiblesse des outils et des mécanismes de contrôle et d'organisation des activités commerçantes en Algérie… au grand dam du consommateur. M. C.