Pour les usagers de certaines lignes, les transporteurs sont en grève. En fait, il n'en est rien ; la grève est prévue pour ce dimanche, selon le préavis déposé par l'UNAT, le syndicat des transporteurs. En effet, le gestionnaire de la gare a mis à exécution sa menace d'interdire l'accès aux quais aux bus et aux minibus dont les propriétaires ont refusé de parapher la convention devant contractuellement les engager avec Sogral, l'entreprise qui a en gérance la gare. Pour rappel, les transporteurs récalcitrants veulent imposer une nouvelle tarification des droits de quai à raison de 50 DA pour les autobus et 10 pour les microbus, au lieu, respectivement, de 110 et 20 DA en hors taxes. Selon le représentant de Sogral, ces montants ne sont pas révisables, dans la mesure où il a été tenu compte du volume de transport qu'effectuent les opérateurs. Les dirigeants de l'UNAT viennent d'ajouter une nouvelle exigence consistant à ne plus s'acquitter des droits de quai contre facturation, mais plutôt sur le champ, à chaque rotation. Ils reprochent au système en vigueur le fait que la facture est établie en fonction d'un nombre de rotations théoriques calculées sur la base du cahier de charge et du nombre de services arrêtés selon la carte horaire délivrée à chaque transporteur par la direction des transports. Un déficit de 190 000 DA en décembre En effet, les contestataires expliquent qu'il leur arrive de ne pas accomplir la totalité du service pour cas de force majeure, ce à quoi répond Sogral en invoquant la réglementation qui leur impose de justifier leur manquement au service à la direction des transports de façon à ce que le service soit régulé dans la transparence. « En fait, ce que l'on ne dit pas, c'est que l'on veut perpétuer l'informel et les pratiques illégales. Or, il faut bien que nos partenaires comprennent que nous sommes un moyen de régulation de l'activité du transport des voyageurs et que nous sommes tenus au respect de la réglementation en la matière. Quant à la question des factures, la loi est claire là-dessus. » Pour ce qui est de la revendication relative à certaines commodités auxquelles Sogral s'était engagée et qu'elle n'a pas réalisée, son représentant déclare : « Comment voulez-vous qu'on réalise quoi que ce soit alors que, pour le seul mois de décembre, j'ai un déficit de 190 000 DA, du fait précisément du non-paiement de leurs factures par certains opérateurs, et que Sogral ne peut, en l'état actuel des choses, espérer amortir ses 12 millions de DA d'investissement initial ? Savez-vous que nous n'avons que 14 quais sur les 26 existants qui sont exploités et qu'au lieu de 900 rotations/jour, il ne s'en effectue que 450 ? Cela parce que les pouvoirs publics n'ont pas encore concrétisé leurs promesses. De ce fait, seulement 30% du parc roulant est tenu de passer par la gare. Et, pour couronner le tout, ceux qui font obstruction au service public trouvent le moyen de me traîner devant la police pour faux et usage de faux. Tout cela parce qu'il fallait un document au conducteur d'autobus réquisitionné par la police pour transporter les gens de Aïn Témouchent sur Chabat. Il le lui fallait sinon les autres transporteurs de Chabat menaçaient de s'en prendre à son autobus. J'ai établi le document dans l'urgence, avec l'accord du directeur des transports joint au téléphone après les heures de travail. J'ai pris un document de cette direction que j'ai signé pour délivrer le transporteur et les usagers et c'est moi qu'on veut mettre en prison ! » Pour d'aucuns, les pouvoirs publics sont interpellés. Ils le sont à plus d'un titre, au-delà même de la grève. Tout un chacun se demande jusqu'à quand va-t-on laisser les usagers pris en otage à propos d'un sordide conflit ? Jusqu'à quand continuer à leur faire subir d'innommables conditions de transport ? Car, comment peut-on, par ailleurs, se prévaloir de combattre les MTH alors que la majorité des bus sont des foyers de contamination pour toutes les maladies ? Des bus assurant un service public doivent-ils impunément demeurer constamment repoussant de saleté extérieurement et intérieurement ?