Décidément, les usagers semblent être réellement le dernier souci des grévistes. Après avoir accepté à «leur bourses défendantes», les dernières augmentations des tarifs, les usagers des transports publics de voyageurs viennent encore une fois de faire les frais d'une guerre d'intérêts que se livrent, par syndicats interposés, certains barons à Béjaïa. En effet, avant-hier, le transport interurbain dans la wilaya de Béjaïa a connu une certaine paralysie ayant causé malaise et désapprobation au sein de la population. Cet état de fait est engendré par l'appel à la grève illimitée lancée par l'organisation affiliée à l'Union générale des commerçants et artisans algériens (Uscaa) alors que l'organisation corporatiste rivale, l'Union nationale des transporteurs algériens (Unat) avait multiplié les appels pour casser le mouvement de protestation. Pour rappel, la plate-forme de revendications déterre des exigences que les transporteurs, en général, n'ont jamais cessé de mettre en avant. Une planification rigide des horaires, l'hygiène au niveau des aires de stationnement, l'installation des abris-bus et de gare de distribution, la bonne répartition des lignes de dessertes sont les principales revendications des protestataires. Cependant, et loin de douter de la sincérité de certains opérateurs, le fond du problème est autre comme l'a déclaré le représentant de l'Ugcaa sur les ondes de la Radio locale qui n'exclut pas l'existence «d'intérêts personnels contraires». En effet, certains syndicalistes sont accusés d'avoir mis à profit leur position au sein de l'organisation pour accaparer les lignes les plus rentables, ce que dément le représentant de l'Unat en affirmant: «C'est vrai, j'ai bénéficié de la ligne Berchiche (El Kseur) - Béjaïa, mais de façon réglementaire et cela, à la suite du retrait de l'ancien transporteur, Hadda O. De ce fait, ce n'est qu'un remplacement d'un opérateur par un autre». Ce point de discorde était déjà dans l'air à la fin de la dernière réunion du 11 octobre entre les représentants de l'organisation et de la Direction des transports au cours de laquelle certains avaient dénoncé «l'attribution de lignes non conformes à la réglementation et au plan de transport en vigueur». Pour faire aboutir leurs revendications, les transporteurs ont observé, hier, un rassemblement au lieudit «4 chemins». Cependant, et en dépit des excuses adressées par les contestataires aux usagers, quant aux désagréments causés par le mouvement de grève en ce mois de jeûne où toutes les heures sont de pointe, la rue n'a pas caché son désarroi. Décidément, les usagers semblent être le dernier souci des transporteurs et le citoyen demeure l'éternel dindon de la farce.