Hier, Annaba était isolée. Les habitants de plusieurs quartiers de la ville, dont les 8 familles sans domicile fixe (SDF) abritées sous les tentes, ont manifesté, tôt dans la matinée, leur colère. Usant de pneus brûlés, troncs d'arbres, pierres et autres objets, ils ont bloqué les routes principales de Oued Forcha, Rizi Amor (ex-Chapuis), Val Mascort El Arbi Tebessi (ex-la Colonne), Didouche Mourad, Sidi Brahim de Annaba en guise de protestation contre l'indifférence des autorités locales lorsque les flots ont englouti leurs biens mobiliers et immobiliers, notamment à Oued Forcha où plusieurs véhicules ont été saccagés, offrant un décor de désolation. L'entreprise Ghimouz, chargée des travaux dans cette cité, a été mise à l'index par les habitants de cette cité. A Rizi Amor comme dans d'autres cités, les enfants n'ont pu rejoindre leur école et les adultes, eux aussi, se sont retrouvés dans l'impossibilité d'accéder à leur lieu de travail. En effet, il a fallu une petite averse, dans la soirée d'avant-hier sur la ville de Annaba, pour que la plupart des rues et boulevards de la commune et chef-lieu de wilaya soient totalement inondés. La circulation routière et piétonnière s'est transformée en véritable calvaire. Plusieurs accidents de la circulation ont été enregistrés. Les dégâts matériels sont estimés à plusieurs centaines de millions de dinars. Selon les familles SDF : « Hormis les éléments de la Protection civile, qui n'ont ménagé aucun effort pour venir à notre aide, aucune autorité n'a daigné se déplacer sur les lieux pour s'enquérir de notre situation. D'où notre réaction de protestation de bloquer la route aux usagers pour les faire réagir. C'est ce qui a été fait pour que nous soyons transférés à l'ancienne maison de rééducation du centre-ville. » En effet, instruction a été donnée aux autorités locales par le wali de Annaba pour évacuer provisoirement tous les sinistrés aux établissements scolaires les plus proches de leur lieu de résidence. C'est ce même wali qui a promis la veille de la saison estivale que le blason terni de la Coquette sera redoré, mais il n'a pas tenu sa promesse. Les entreprises chargées de cette mission, qui avaient déjà hypothéqué la saison estivale en mettant Annaba en chantier, ne sont pas qualifiées. Pourtant, une enveloppe de plusieurs centaines de milliards a été débloquée. Mais sans effet puisque les inondations n'ont épargné aucun site, y compris dans les communes avoisinantes. La station de pompage de la plage de Rizi Amor, en arrêt, a inondé tout le boulevard et le rond-point de l'hôpital Ibn Rochd, pourtant des travaux récents d'assainissement ont été réalisés par l'entreprise Bouchareb. « Du jamais vu », selon les riverains. Dans cette commune d'El Bouni de plus de 150 000 habitants, les rares routes et rues en bitume se sont transformées en oueds, marécages et gadoues. Dans certains îlots, particulièrement ceux où sont implantées les habitations particulières, les citoyens ont éprouvé moult difficultés pour éviter les crues lourdes et salissantes qui s'étaient entassées jusque devant les portes d'entrée, y compris les portails des établissements scolaires. En 2008, la wilaya de Annaba avait recensé 26 points noirs au niveau du chef-lieu et 6 autres dans les plus importantes communes de la wilaya en l'occurrence El Bouni, El Hadjar et Berrahal. Il y a eu même une étude qui a été confiée à 2 bureaux étrangers, l'un suisse et l'autre allemand, dont la mission est de maîtriser définitivement ce problème récurrent en procédant à des travaux afin de mettre à l'abri la wilaya des inondations. Des actions qui n'ont abouti à aucune amélioration même si, pour mémoire, cette wilaya de l'Est a bénéficié de 691 grandes opérations durant les 9 dernières années, pour un montant global de 21,62 milliards de dinars. Une sale facture investie dans le secteur de l'hydraulique qui, sans pour autant améliorer la situation, ne fait qu'engloutir des milliards.