L'effondrement d'un immeuble situé à la rue Hadidène, dans la vieille ville de Annaba, survenu très tôt jeudi, à 5 heures du matin, a fait 3 morts dans une seule famille: le père Smaïn B. 26 ans, sa femme B.S., 22 ans, enceinte de 5 mois et leur fille de 2 ans et demi. Les victimes ont été enterrées hier, accompagnées par un mouvement de douleur mais surtout de colère. Habitant au dernier étage d'une bâtisse vétuste à la place d'Armes, les victimes ont été surprises dans leur sommeil par l'effondrement du plafond. Les habitants ont tout tenté pour les dégager de sous les décombres. En vain. Il aura fallu l'arrivée des services de la Protection civile, dépêchés en renfort sur les lieux du sinistre, avec les services sécuritaires, pour extraire les dépouilles. Décédées sur le coup, les corps des infortunés ont été acheminés vers la morgue du CHU d'Ibn Rochd de Annaba, sous le regard des centaines de familles habitant dans les mêmes conditions. A l'issue de ce drame, les habitants de la vieille ville ont pointé un doigt accusateur en direction de l'Ocrava, structure en charge du dossier de la vieille ville où 90% des habitations menacent ruine. Dès les premières heures, les familles ont investi la rue et bloqué la circulation routière au niveau du cours de la Révolution, brûlant des pneus et criant leur colère tout en dénonçant le laxisme de cette institution réputée depuis des années durant par l'indifférence caractérisée de ses responsables, à l'égard des multiples effondrements qu'a connus la vieille ville, depuis les années 2000. Le mouvement de protestation s'est propagé pour atteindre d'autres endroits de la ville de Annaba, notamment le siège de l'APC, le tribunal de Annaba. La fumée dégagée par les dizaines de pneus brûlés a couvert le centre-ville pendant des heures. Les éléments de la brigade anti- émeutes, relevant de la Sûreté de wilaya de Annaba, déployés dans les principales artères du centre-ville de Annaba ont réussi à maîtriser la situation et persuader les protestants d'adopter une méthode de revendication plus civique, sans passer par le vandalisme. La foule dispersée, les services sécuritaires ont dégagé la voie des troncs d'arbres et autres objets de barricade rétablissant ainsi la circulation routière. Par ailleurs, un dispositif sécuritaire rigoureux a été établi afin de parer à toute éventualité. Les instructions du premier responsable de la wilaya de Annaba, qui a fait le constat par lui-même, ont porté sur une prise en charge immédiate, avec instruction aux services concernés d'entamer des mesures urgentes en vue de reloger les 20 familles sinistrées. Au moment où nous mettons sous presse, une rencontre wali- Ocrava en présence du mouvement associatif et représentants de quartiers se tient afin de débattre du dossier de la vieille ville, car si aucune décision n'est prise, les bâtisses menaçant ruine feront encore des victimes. Cette zone a été classée zone rouge. En décembre 2006, cette zone a enregistré l'effondrement de deux bâtisses mitoyennes, fort heureusement, aucune victime n'a été déplorée. En décembre 2007, la forte pluviométrie a provoqué l'effondrement d'un immeuble ayant occasionné des blessures à des membres d'une même famille, recasés entre-temps dans des camps de transit. Ils attendent toujours.