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Lettre à un ami politicien

Mesure-nous, cher ami politicien, si toutefois tu as la sagesse en partage, avec une application soutenue, toutes les dimensions des «machakil» (et, si possible, leurs multiples, vagues ou hypothétiques «houloul») qui agitent aujourd'hui les semblants de villes «rurbaines», les plaines bétonnées entre le littoral et l'Atlas tellien, les villages, hameaux et mechtas des piémonts du Tell et des montagnes de ce même Atlas tellien, celles et ceux des Hauts-Plateaux qui ont une tendance accrue à se dénuder et se vider, les hameaux isolés de l'Atlas saharien ainsi que les oasis qui se défigurent petit à petit, les ksour qui ont tendance à ne mettre en exergue que leurs murs, ainsi que les hameaux des «Mulatamins» et leurs pâturages, mis à rude épreuve par la sécheresse, la démographie, la sédentarisation précaire et la contrebande.
Sachant que la version proto de ces «machakil» est répartie en quatre genres de couleurs variées, l'un (la bonne foi présumée) d'un blanc de lait, le second (la mauvaise foi souriante et sournoise) d'un noir brillant, le troisième (la désinvolture issue de la néolithique frugalité naturelle en tant qu'inconscient collectif) blond mais simple, et, enfin, le quatrième (l'amnésie rejeton de la désinvolture) bigarré et incohérent. Et dans chaque genre, il y avait un nombre considérable de sujets dans les proportions que voici : imagine, ami politicien, les blancs en nombre égal à la moitié, augmentée du tiers des genres noirs et augmentée de tous les blonds, et le nombre des noirs égal au quart et au cinquième du nombre des bigarrés et au nombre de tous les blonds.
Observe, d'autre part, que le nombre des bigarrés restants est égal au sixième, augmenté du septième, du nombre des genres blancs et au nombre de tous les blonds. Aussi, certains de ces «proto-machakil», à force de l'accumulation (peut-être que les hydrocarbures n'en sont qu'une version organique) et du temps (depuis l'infiniment «chouiya» de Planck jusqu'aux prochaines élections, en passant par Madghes et Bernes) ont fini par muer, engendrant une nuée de «néo-machakil» répartis eux aussi en une infinité de néo-genres et couleurs dominé par le gris des sensations névrotiques et l'ocre naturel, partageant tous deux la maussaderie. Et dans l'infinité (causale et en rond-point, et non linéaire) de ces néo-genres, émergent : le Chômage, noircissant les esprits et les lendemains, livrant ses victimes à l'inconsidération grisâtre du doigt accusateur social, à la délinquance qui mènera aux murs incolores d'une cellule, à la drogue pour les couleurs hallucinantes de l'illusion, la harga pour voir de près la blancheur des dents des requins et remplir ses alvéoles du bleu salé des eaux méditerranéennes ou au désespoir et à la violence quelles que soient leurs couleurs.
Le Logement, c'est-à-dire un abri décent pour mener une vie familiale permettant de donner un sens à sa vie et connaître l'apaisement, blanc bleu ou bigarré à Alger, rouge tuile dans les montagnes, bigarré dans le Tell et rouge ocre au-delà de l'Atlas saharien. La Valse des prix des produits de première nécessité, oscillant entre le rouge de l'ire et le jaune-ocre de l'anémie, que seules l'invisibilité, l'instructuration du marché ou son illisibilité peuvent expliquer.
La Hogra, mélange de dédain et de négligence préméditée, de couleur noire ou grise ou carrément rouge-sang, qu'on ne bride que par autre noir accompagné d'un autre gris, celui des cendres des pneus et des troncs d'arbres. Ou encore la boue, couleur ocre-sec ou mouillé, qui «bitume» nos ruelles et trottoirs, et la gadoue bigarrée en hiver, et, en été, la poussière tout aussi ocre pour nos yeux et les alvéoles de nos poumons. Et le «peuple», couleur bigarrée, désignation générique d'un ensemble aux contours et contenu incertains : est-ce toute la population d'un territoire, ou les seuls gouvernés, ou les seuls non-riches ? Et la «Dawla» dont on ne sait pas si c'est l'Etat, ou l'administration, ou le gouvernement, ou le «Pouvoir», ou le tout à la fois. Sa couleur varie entre le vert du Darak, le bleu du Amn, l'intrusion incolore du fisc et le gris ou bleu marine du costard des officiels. Ou alors ce n'est simplement qu'une mutation difficile et stérile de l'ancien «Beylek», gris délavé.
Les rapports entre le «peuple» et la «Dawla», teints du blanc de l'accuntability, ou du noir visqueux et indécis de la rente ? Les équations grises, brunes ou brumeuses induites par les juxtapositions ou les chevauchements de l'intérêt privé et de l'utilité publique. La priorité à qui, quand, pourquoi et comment ? Et le conflit manichéen entre l'honnêteté présumée d'un blanc de lait, et 1a cupidité-roublardise d'un noir brillant souriant et sournois, qui se drapent toutes les deux d'un nationalisme ou d'une religion ou d'une «autochtonité» ouvrant (soi-disant) droit à une crédibilité et une légitimité que l'absence du savoir universel rend dérisoires… Et cette «dérisoirité» pourrait-elle être évidente pendant qu'il est encore temps et avant les dégâts ?
L'Homo-œconomicus Amarus Bouzouarus est-il rationnel, informé et autonome ? Payer des salariés d'une entreprise déficitaire depuis des années sans extirper les causes de ses déficits chroniques ? Avoir un véhicule neuf et demander un logement social ? Bâtir sur des alluvions ou dans une zone agricole à haut rendement ou inondable ? Acheter moins cher sans regarder la qualité ? Produire sans connaître le marché, les débouchés, les inputs et les outputs, l'économie d'échelle ? Adhérer à l'OMC avec dix (ou vingt)centaines de millions de USD d'exportation hors hydrocarbures, et une demi-centaine de milliards USD d'importations ? Et que faire quand les «Muwatinuns», oubliant leur état de «citoyens», écoutent plus souvent leurs moralisateurs ou leurs «chefs» autoproclamés, que leur «Nukhabs» (quand elles sont rationnelles, uniWverselles et organisées et savent communiquer) situées en parallèle ou en dehors des sphères religieuse ou ethno- grégaire ? Que faire quand le Souk des marchandises importées (dont le changement de main est la seule «valeur ajoutée») devient le centre de gravité déplacé de la division sociale du travail (quel travail ?) ? Et dans cette nébuleuse couleur arc-en-ciel de «néa-machakil», il y avait aussi un nombre considérable de sujets dans les proportions que voici : imagine, ami politicien, les noirs et les gris en nombre égal à la moitié, augmentée du tiers, des genres blancs et bleus et augmentée de tous les bigarrés et autres bruns, et le nombre des blancs égal au quart et au cinquième du nombre des bigarrés et rouge et au nombre de tous les noirs.
Observe, d'autre part, que le nombre des bigarrés restants est égal aux cinq-sixièmes, augmenté du septième, du nombre des genres blancs et ocre et au nombre de tous les verts et bleus. Ami politicien, si tu peux nous dresser la liste exhaustive des «proto-machakil» et des «néo-machakil» et nous dire exactement combien il y a de «houloul» pour chacun de ces «proto» et «néo» «machakil» ainsi contenus dans la liste, en précisant à la fois les détails du processus de mutation proto en néo, ainsi que la teneur des nuances entre chacun des «houloul», tu ne seras, certes, pas appelé ignorant ni inculte en matière de nombres, de couleurs et d'équations, mais tu ne te feras pas pour autant ranger parmi les savants.
Mais examine encore plus toutes les manières dont les «machakil» et les «houloul» peuvent être agencés, conceptualisés et groupés. Chaque fois que les machakil blancs venaient rejoindre leurs houloul, ils s'éparpillaient en nébuleuses n'ayant pas les mêmes mesures en profondeur et en largeur, pendant que les noirs, les gris et les bigarrés slalomaient de leur côté de façon à former des mouvements folâtres entre les blancs tout en les entachant, sans que les sujets d'autres couleurs fussent visibles ni, encore moins, décelables.
Quand tu auras trouvé, ami politicien, et embrassé dans ton esprit la solution de toutes ces questions, en indiquant toutes les mesures de ces multitudes, rentre chez toi, te glorifiant de ta victoire, et sache qu'on te juge arrivé à la perfection dans cette science. Mais d'ici là, je ne sais pas si je vais voter ou non. D'ailleurs, si je vote, je ne sais même pas pourquoi ce serait pour toi, ni ce que tu vas faire après. Et, en attendant que tu y arrives, cher ami politicien, nous troquerons notre pétrole et notre gaz naturel, les neurones assoupies et les nerfs à fleur de peau, contre du lait, du blé, des médicaments, de la fripe, des véhicules et bien d'autres marchandises, en te priant de faire preuve d'un peu d'indulgence envers notre mobilité de caractère et nos râlements.
Et nous, nous continuerons à fermer nos yeux (en «buvant» les sons harmonieux et si chatouillants de ta dextérité quand tu caresses le «peuple» dans le sens des poils), s'ils ne le sont pas déjà, sur ta spécialisation dans les généralités, ton aversion pour le doute et le «melmous», envers la précision, l'exhaustivité et la faisabilité, sur tes balbutiements et ânonnements quand on te poses des questions un peu trop pertinentes concernant tes programmes opérationnels, sur ton sens de l'observation des imbrications et enchevêtrements, sur tes aisance et suffisance, ainsi que (et parfois) devant ta vitesse de réflexion, puisque (paraît-il) on a le temps. Et dire que (et dans un futur vraiment trop proche) tu es appelé à «débattre» de notre Constitution…


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