Elle a rappelé que le canon, qui était à l'Amirauté d'Alger, avait une fonction active à l'arrivée des Français en colonisateurs. «Ce n'était pas un bien culturel classé inscrit sur un inventaire. C'est une prise de guerre pour les Français. Qui peut demander sa restitution ? Ce n'est pas le ministère de la Culture», a-t-elle précisé. Selon elle, la restitution est codifiée par la Convention de l'Unesco de 1970 sur le retour des biens culturels dans leurs pays d'origine. «L'Algérie a signé cette convention et l'a ratifiée en 1974. La restitution obéit à des conditions, il faut que le bien soit protégé, soit culturel, bénéficie d'un numéro d'inventaire. Il faut aussi prouver qu'il appartient au pays d'origine», a expliqué Rachida Zadem. «S'il y a une institution qui doit demander la restitution de Baba Merzoug, c'est bien le ministère de la Défense nationale parce que ce canon est une arme de guerre», a-t-elle ajouté. Il faut, selon elle, revenir aux accords militaires algéro-français liés à Evian. «Le jour où Baba Merzoug serait restitué à l'Algérie, on pourrait le faire entrer dans nos inventaires et en faire un bien culturel et un monument historique classé», a-t-elle dit. Elle a évoqué l'histoire particulière de ce canon qui avait permis de résister aux conquêtes espagnoles. Pendant deux siècles, Baba Marzoug, fabriqué en bronze par un Italien en 1542, avait permis à Alger d'être considéré comme «une cité imprenable». Sa portée de presque 50 km, sa longueur de 7 mètres et son poids de 12 tonnes, faisaient de cette pièce d'artillerie l'arme la plus redoutable de l'époque. En 1830, après la prise d'Alger, les Français ont arraché ce canon de sa place, l'ont baptisé «La Consulaire», et l'ont installé à l'arsenal de Brest. Un comité national, constitué notamment de Belkacem Babaci et de Smaïl Boulbina, réclame depuis plusieurs années la restitution de ce canon à l'Algérie, à la faveur de la célébration du 50e anniversaire de l'indépendance de l'Algérie. Une restitution perçue comme «un geste amical» que pourrait faire Paris. La Marine française ne semble pas prête à redonner aux Algériens Baba Merzoug. En 2006, Michèle Alliot-Marie, alors ministre de la Défense, avait déclaré que le canon est «une partie intégrante du patrimoine historique de la défense». «La Marine a un attachement particulier à ce monument», devait-elle ajouter. Rachida Zadem a reconnu que l'Algérie a un problème réel d'inventaire des biens culturels nationaux. Selon elle, des efforts sont faits ces dernières par le ministère de la Culture pour mettre sur liste tous les biens à valeur historique des algériens. «Une fois nos biens culturels inventoriés, nous pouvons en demander la restitution. Cette restitution ne peut se faire que dans un cadre conventionnel, celui précisé par la Convention de 1970. Notre problème est que beaucoup de biens algériens sont sortis du territoire national pendant la colonisation française. La restitution est possible mais il faut que la France reconnaisse que ces biens appartiennent au patrimoine national sauf qu'ils ont été pris pendant la guerre. Ils n'étaient donc pas un patrimoine national mais des objets français», a-t-elle précisé. Selon elle, l'Algérie peut demander la reprise de ses biens à travers des négociations bilatérales ou de procédures amiables.