Près de 3000 litiges en rapport avec les logements promotionnels ont été recensés dans la capitale. Cette information nous a été révélée par un responsable au service de l'urbanisme de la wilaya d'Alger. Le même responsable indique : « Les plaintes ont été déposées à la fois par la CNEP, les bénéficiaires ainsi que les promoteurs immobiliers, à savoir l'EPLF, l'OPGI et les APC. » Ces plaintes ont été déposées pour diverses raisons telles que les retards accusés dans le paiement des logements ou pour « non-respect » des procédures. Ces litiges sont toutefois dus à une seule raison : les retards accusés dans la réalisation des logements. Ces retards ont en effet tout chamboulé puisque le coût de la construction des logements a augmenté au fil des années, ce qui s'est répercuté sur les prix de ces logements. « Le prix de certains logements est passé au double ce qui a fait que certains bénéficiaires ne pouvaient plus honorer leur échéancier », affirme notre interlocuteur. Lancé dans le cadre de la loi de 1986 puis celle de 1993, le programme relatif à la réalisation des logements promotionnels a suscité l'intérêt de beaucoup de gens. Pour ce qui est du seul programme APC/CNEP par exemple, plus de 13 000 personnes ont formulé des demandes à partir de 1989. Sur les 13 000 logements devant être réalisés, 6000 sont aujourd'hui à l'état de carcasse. L'un des bénéficiaires du programme EPLF/CNEP nous informe que le prix du logement qu'il devait acquérir a augmenté de 900 000 DA. « A l'origine, je devais bénéficier d'un F3 au prix de 130 millions de centimes. La CNEP devait couvrir 80% du prix du logement. Mon apport personnel devait tourner autour de 30 millions de centimes. Le règlement mensuel était de 7000 DA », explique le bénéficiaire qui précise qu'à cause des retards, « cette formule a été modifiée à mes dépens ». Il fera remarquer que « la liste des bénéficiaires de ces logements a été rendue publique durant les années 1990. Théoriquement, nous déviions occuper nos logements six mois après l'affichage de la liste. Cela n'a pas été le cas, puisque je n'ai pu bénéficier du logement qu'à partir de l'an 2000 ». Entre temps, le prix du logement est passé de 130 millions de centimes à 210 millions de centimes. « J'ai dû payer 100 millions de centimes comme apport personnel et au lieu des 7000 dinars mensuels, je dois en payer maintenant plus de dix mille », affirme notre interlocuteur en assurant qu'« avec l'âge, la durée de remboursement est limitée ». Le bénéficiaire précise en outre que « l'achat du logement devait se faire sur plan et nous dévions être informé avec précision sur l'endroit où devait être réalisé le logement et sur les délais de livraison. Ce qui n'a pas été le cas pour tout le monde ». En définitive, les bénéficiaires ont dû payer un logement fini au lieu d'un logement acheté sur plan.On nous informe par ailleurs que les choses se sont améliorées depuis quelques années puisque les bénéficiaires sont mieux informés qu'avant. « Autrement dit, indique le bénéficiaire en question, les anciens épargnants de la CNEP ont moins de chance que les nouveaux. » Les anciens bénéficiaires s'interrogent en outre, sur la meilleure solution à adopter pour alléger les charges qui leur sont imposées. Afin d'avoir plus d'information au sujet de cette affaire, nous avons tenté de toucher les services concernés de la CNEP en vain. L'absence d'interlocuteur au niveau de ces services est due, selon des sources proches de cette banque, au changement de certains responsables. La banque qui a été leader dans le domaine du crédit est vraisemblablement en train de faire « sa mue en vue d'améliorer ses services ».