L'animateur, qui avait côtoyé le défunt durant de longues années, a eu du mal à parler au passé de l'homme qui a marqué par sa voix et son savoir-faire à l'antenne plusieurs générations. «Benhanafi mérite plus qu'une émission. C'est un pilier de la radio. Il nous a toujours aidés et encouragés», nous dira-t-il. L'animateur de l'émission entamera son évocation par un rappel succinct de la biographie et du parcours de Benhanafi, ses qualités personnelles avant d'enchaîner par des vers déclamés à la mémoire du regretté doyen de la Chaîne kabyle. La deuxième partie de l'émission a été consacrée aux envolées lyriques de Benhanafi, puisées de ses émissions phares et aux témoignages, par téléphone, de plusieurs artistes. «J'ai connu Benhanafi à la radio. Ses prestations poétiques étaient magistrales dans des émissions, telles que Leqlam ajdid (La nouvelle plume), au début des années 1960. Sa poésie est chantée par plusieurs chanteurs, malheureusement, certains d'entre eux n'ont même pas jugé utile de le mentionner dans leurs répertoires», témoigne Kamel Hamadi, compositeur, producteur radio et ancien chanteur. Pour Lounis Aït Menguellet, Benhanafi a marqué de son empreinte le parcours de la Chaîne II : «Il a énormément travaillé pour la radio et tamazight en général. C'était un homme remarquable d'une grande modestie». Les chanteurs Atmani, Chabha, Malha et Drifa, qui ont travaillé avec Benhanafi (opérettes et chorales), abonderont dans le même sens pour témoigner leur reconnaissance au poète disparu. Sider Ourida, réalisatrice à la radio et auteure d'un livre biographique qu'elle lui a consacré, dira pour sa part : «Il a rejoint la révolution à l'âge de 27 ans comme commissaire politique dans la région de Tiaret. A l'indépendance, il intégra la Radio nationale où il a produit des émissions, des sketches et des pièces théâtrales radiophoniques. C'était un virtuose du micro et un artiste polyvalent. Malgré son âge avancé, il était toujours au rendez-vous. Sa dernière émission remonte à quelques jours avant sa mort.» Mohamed Belhanafi, de son vrai nom Aït Tahar Mohamed, est né le 7 février 1927 au village Aït Sidi Athmane, dans la région de Larbaâ Nath Ouacif. Après le déclenchement de la guerre de Libération nationale, il a été désigné commissaire politique d'une zone du secteur 2 de la wilaya de Tiaret. A l'indépendance, il n'a jamais cherché à faire prévaloir ses droits d'ancien moudjahid ni avoir demandé une reconnaissance. A la radio, il s'est distingué dans l'animation et la production de sketches et de pièces théâtrales. Sa poésie est chantée par plusieurs chanteurs, dont le défunt Cherif Kheddam, Idir, Djamal Chir, Mouloud Habib, Medjahed Hamid, Kaci Abdjaoui, Chabha, Ourida, El Djida, Zahia, Benslimane Mohamed et les célèbres chorales des lycées Fadhma- N'Soumer et El Khansa de Tizi Ouzou.