C'est Haïti, un géant des arts, des lettres et de l'imagination. Et l'art est partout, aux Bosquets où des artisans et artistes de talent s'évertuent à marteler, dessiner des bidons d'essence qui deviennent des pièces d'art. Dans des lieux improbables, hangars ou cours à peine aménagées où des peintres vont donner libre cours à leur imagination et, ainsi, contourner la dureté de la situation sociale. A l'hôtel Karibé où est donné le coup d'envoi du Festival international de jazz, au restaurant Babako et l'Institut français où se déroule le festival Etonnants Voyageurs Haïti, une réussite exceptionnelle tant par la qualité des écrivains invités que par l'affluence nombreuse. Et il n'était pas rare de voir des jeunes étudiants exhiber un manuscrit, demandant à Alain Mabanckou, Dany Laferrière, Lionel Trouillot, d'y jeter un œil. A la Fokal, magnifique lieu de culture qui dispose d'un auditorium, d'une bibliothèque, de salles d'exposition. Dans les rues de Port-au-Prince s'annonce déjà le Karnaval, une institution dans ce pays dont le slogan cette année est Ann rekonstwi Potoprens (je reconstruis Port-au-Prince). Musique Kompas et danses mettent une ambiance festive, joyeuse. Gary Victor, écrivain de talent, à l'imaginaire foisonnant, qui vient de recevoir le prix de la Casa de las Americas, un grand prix littéraire qui lui a été décerné à la Havane, complète ma vision de la ville et du pays. En voiture, nous sillonnons les hauteurs de la ville. Et d'une colline à l'autre, s'étale une autre ville faite de demeures somptueuses. A la Boule, à Kerscoff et plus haut encore, derrière les carrières, les maisons n'ont rien à envier aux plus grandes capitales. C'est là que vit l'élite du pays sans se couper de la population me semble-t-il. Pétion-ville, naguère lieu de villégiature pour les riches, est devenue un poumon culturel, un centre rayonnant, surpeuplé bien sûr, mai si attrayant. Je quitte Port-au-Prince et Haïti avec les mots d'Arthur H., cet artiste tout en finesse et émotion. «C'est un enchantement», avait-il dit. D'autant que dans ce pays, au contact de ces femmes et ces hommes, j'ai retrouvé un bout d'Algérie. A suivre