Dimanche dernier 25 septembre se clôturait à Casablanca, au Maroc, une nouvelle rencontre entre des organisations maghrébines de défense des droits de l'homme et de la liberté d'expression ainsi que des professionnels et des collectifs d'avocats. Réunis sous l'égide de l'Observatoire marocain des libertés publiques et l'Observatoire pour la liberté de la presse, de l'édition et de la création en Tunisie, il a été débattu cette fois-ci de « l'arme financière dans la censure de la presse » à l'appel du Groupe de travail sur la liberté d'expression en Afrique du Nord (WGFENA). Les avocats, réunis en atelier spécifique, ont travaillé à s'organiser en réseau juridique pour former des avocats qui assisteront aux procès visant la presse des pays de la région. S'il faut noter que le Maroc est le seul pays de la région à tolérer ce genre de rencontre de militants, la situation a été cette fois-ci jugée réellement désastreuse sur l'ensemble des pays de la région. Au Maroc, après la saisie de deux hebdomadaires, TelQuel et Nichane, en août, un autre titre, Akhbar El Youm, vient de faire l'objet d'une suspension pour la publication d'une caricature du Prince Ismaïl. En Algérie, les pressions financières, politiques et judiciaires se conjuguent toujours pour limiter l'influence de la presse privée. Après avoir payé le plus lourd tribut de la région en termes de morts dans l'exercice de leur profession, c'est aussi la presse algérienne qui paye actuellement le plus lourd tribut financier pour son exercice ; il a été en effet rapporté d'après un calcul cumulé que les journaux algériens ont payé au total près de 20 millions d'euros en amendes suite à des poursuites judiciaires. En Mauritanie, la situation est toujours aussi sensible depuis le putsch militaire et sa légalisation, et les journalistes ont toujours autant de mal à exercer leur métier. En Libye, rien de nouveau, il n'y a toujours pas de possibilité de créer des titres privés et les militants sont tous contraints à l'exil ou à la prison. En Tunisie enfin, harcèlement, prison, passage à tabac et toutes sortes de méthodes sont utilisées pour empêcher les journalistes, syndicalistes et avocats des droits de l'homme d'exercer leur métier. A ce titre, la palme revient incontestablement aux responsables tunisiens de l'intérieur qui, pour gêner une célèbre militante tunisienne de la liberté d'expression déjà victime de harcèlements judiciaires, n'ont pas trouvé mieux que d'effectuer un montage photo avec son propre visage et des corps d'actrices de films pornographiques en pleine action, ces photos ayant été ensuite volontairement montrées à ses enfants. Devant de tels procédés, on peut sans risque de nous tromper, affirmer que l'avènement de sociétés démocratiques à l'échelle du Maghreb n'est pas pour demain.