Tortures, brimades, emprisonnement sans procès et assassinat sont les principaux griefs retenus contre le Royaume chérifien. Dans son rapport sur «les droits politiques et libertés civiles» l'organisation internationale, Freedom House, dirigée par James Woosley, ancien parton de la CIA, accuse le Maroc de violation des droits de l'homme au Sahara occidental. Selon les rédacteurs, «les populations sahraouies continuent d'être victimes des violations constantes de leurs droits et libertés civiles, et de subir un déni de justice, de la part du gouvernement marocain». Le rapport, qui a été présenté cette semaine devant la sous-commission Afrique de la Chambre des représentants au Congrès américain, à Washington, et doit faire prochainement l'objet d'une présentation devant le Conseil des droits de l'Homme des Nations unies à Genève, retrace les principaux abus constatés durant le second semestre 2005 et le début de l'année 2006, faisant remarquer que les espoirs d'indépendance et d'autodétermination qui ont enregistré un sérieux recul en 2005-2006 risquent de s'effilocher au fil du temps. D'ailleurs, le rapport estime, même, peu probable que le Sahara occidental puisse «arracher» son indépendance du fait que le Maroc, en dépit de sa pseudo-volonté «conciliatrice», demeure dans la réalité «intransigeant et catégorique sur la souveraineté de cette région». Une région que le Royaume chérifien ne peut concevoir que sous le joug marocain. Dans ce sens, le rapport relève les «tergiversations» du Maroc quant à l'application du plan Baker accepté par le Front Polisario. Un plan auquel le «Maroc n'a jamais souscrit», souligne Freedom House qui est une ONG militant pour le respect, la promotion et la défense des droits de l'homme de par le monde. Elle examine depuis 1972, notamment la situation des droits politiques, syndicaux, d'expression, les libertés civiles dans plusieurs pays et communique ses résultats, analyses, observations et conclusions, principalement aux Nations unies. Au plan des libertés civiles, le rapport déplore le fait que les populations sahraouies soient astreintes à de nombreuses restrictions et interdictions. En effet, toute manifestation est illico presto réprimée par les forces marocaines. Pis encore, les Sahraouis sont interdits de droit syndical. «La liberté de se réunir ou de s'organiser en organisations politiques est limitée», souligne le rapport. A titre d'exemple, le rapport rappelle qu'en mai dernier, les autorités marocaines ont procédé à l'arrestation de dizaines de Sahraouis à la suite de manifestations anti-marocaines à Laâyoune. Ces manifestants quand ils ne sont pas tués sont torturés et emprisonnés tout en refusant de les libérer en dépit des promesses «d'ivrognes» faites aux instances internationales, notamment les Nations unies et la Croix-Rouge internationale. Une situation qui a poussé le Front Polisario à interpeller, dimanche, le Conseil des droits l'Homme à Genève à oeuvrer pour «la libération immédiate et sans conditions des 29 prisonniers politiques et activistes sahraouis des droits humains, incarcérés arbitrairement dans les geôles marocaines et à mettre fin aux violations systématiques des droits de l'homme au Sahara occidental». Dans un communiqué le Front Polisario a relevé «les traitements inhumains infligés par les autorités marocaines à ces défenseurs sahraouis des droits humains, dont quelques-uns risquent une mort certaine en raison de cette grève de la faim illimitée et des maladies chroniques dont ils souffrent, constituent un mépris pour la vie humaine et une violation flagrante des droits de l'homme». Des traitements que des ONG, telles que Amnesty International et l'Observatoire des droits de l'Homme, n'ont cessé de critiquer depuis des années. Aussi, pour continuer ses brimades, loin des yeux du monde, les autorités marocaines interdisent l'entrée dans les territoires sahraouis à la presse étrangère, et même marocaine opposée aux pouvoirs, aux observateurs ainsi qu'aux nombreuses organisations et associations internationales ou régionales.