La situation des droits de l'homme continue de se dégrader au royaume chérifien. La Fédération internationale des Ligues des droits de l'homme (FIDH) et le Réseau euroméditerranéen des droits de l'homme (REMDH) ont déploré hier la « persistance des violations des droits de l'homme » dans ce pays citant des « allégations de torture dans les centres de détention, la répression violente de manifestations et les atteintes à la liberté d'expression ». Dans une lettre adressée à l'Union européenne et à la représentation marocaine à Bruxelles, à la veille de l'ouverture du conseil d'association UE-Maroc, les deux organisations considèrent que la persistance de ces violations « montre que le processus d'ouverture démocratique (du Maroc) reste fragile ». Elles n'ont pas manqué aussi d'interpeller l'UE sur les conséquences directes de sa « politique migratoire restrictive ». Les professionnels de la presse payent le prix de cette fermeture. C'est ainsi que deux journalistes marocains de l'hebdomadaire Al Watan, ayant publié, dit-on, des documents confidentiels émanant des services de renseignement, ont été placés en garde à vue depuis mardi. Al Watan a publié samedi dernier un dossier intitulé « Les rapports secrets derrière l'état d'alerte au Maroc », en citant des documents classés « secret défense ». Le directeur de la publication, Abderrahim Ariri, 43 ans, et le journaliste Mustapha Hormat Allah ont été interpellés et placés en garde à vue « pour déterminer les circonstances des fuites de ces documents secrets et d'en identifier les responsables », selon le communiqué du procureur général du roi près la cour d'appel de Casablanca, repris par l'Afp. Selon la même source, « la publication de ces rapports est un acte contraire à la loi » et « les deux hommes ainsi que les autres personnes qui auront été mis en cause dans le cadre de cette enquête seront présentés à la justice ». L'arrestation des deux journalistes a suscité de vives critiques, même des journaux gouvernementaux marocains l'ont condamnée hier. Dans son éditorial intitulé « La liberté pour Abderrahim Ariri », Libération, qui est l'organe de l'Union socialiste des forces populaires (USFP), estime que l'arrestation des deux journalistes « est injuste à plus d'un titre ». « Le comportement arbitraire et abusif observé à cette occasion est indigne du Maroc, de la démocratie et de la modernité, d'autant plus qu'il rappelle que le chemin de la liberté d'expression est encore parsemé d'embûches », ajoute Libération. L'Opinion, organe de l'Istiqlal, qualifie pour sa part de « dérapage » leur arrestation. Sous le titre « Abus de pouvoir », l'éditorialiste de l'Economiste écrit que ces arrestations sont « graves et inquiétantes ».