Une délégation de la Coordination maghrébine des organisations des droits de l'Homme (Cmodh), en visite à Alger, a rencontré hier, au siège de la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme (Laddh), les professionnels de l'information. L'objectif est de se faire connaître dans les différents pays du Maghreb, pour un premier temps en Algérie, au Maroc et en Tunisie, puisque des organisations et ligues des droits de l'Homme des trois pays sont membres de la Cmodh. “L'idée de la création de la Coordination est ancienne. Nous voulions, en effet, avoir une entité maghrébine des droits de l'Homme qui deviendrait un lobbying civil, une force de pression”, a déclaré Ahmed Galaï, responsable de la Ligue tunisienne des droits humains et membre du secrétariat de la Cmodh. Un autre membre de la délégation, en l'occurrence Mohamed El-Hadi Sidi, président de la Ligue mauritanienne des droits de l'Homme, a insisté sur “le rôle des médias” pour faire adhérer les peuples de la région aux principes des droits humains et de la démocratie. À l'initiative de 14 ONG de défense des droits humains, dont les deux ligues algériennes, la Cmodh a vu le jour le 30 mars 2006 au Maroc. Son réseau s'est élargi depuis, puisque 8 autres ONG maghrébines l'ont rejointe. Dans un document remis aux journalistes, la Cmodh rappelle ses “positions essentielles”, parmi elles le respect de la liberté d'opinion et d'expression, celui de l'égalité entre les femmes et les hommes, la défense des droits des émigrés maghrébins et des activistes des droits humains, ainsi que le respect du droit des peuples à l'autodétermination. Interpellé sur les violations des droits de l'Homme dans les territoires occupés du Sahara occidental, M. Galaï a soutenu que la Coordination est “pour la défense des militants sahraouis des droits de l'Homme”. Plus loin, ce responsable a précisé : “ Quand on est militant des droits de l'Homme, on est pour l'autodétermination de tous les peuples. Nous sommes aussi indépendants vis-à-vis des gouvernements et des partis politiques.” Le membre de la délégation a, en outre, révélé que dans le cadre de son programme et “sur demande de ses membres”, la Cmodh peut appeler ses adhérents à organiser des “sit-in de protestation” pour l'ouverture de la frontière algéro-marocaine. M. Galaï n'a pas non plus exclu l'organisation de sit-in de contestation pour dénoncer les violations des droits de l'Homme commises par Rabat à l'encontre de la population sahraouie, car “le Sahara occidental est un problème politique avec une dimension humaine”. Il faut savoir que la tournée de la délégation de la Cmodh dans la région a été décidée, il y a quelques mois, lors de son 5e conseil. La visite à Alger a déjà permis à la délégation de rencontrer, avant-hier, des représentants d'associations algériennes et, hier, des journalistes. Elle compte s'entretenir avec les autorités du pays et a reçu, selon Hocine Zehouane, président de la Laddh, l'accord du chef de la Commission nationale de promotion et de protection des droits de l'Homme (Cnppdh), Farouk Ksentini, qui s'est engagé à réaliser le rapprochement avec les dirigeants algériens. Hier, les deux membres de la délégation (le coordinateur de la Cmodh, Abdelhamid Amine, également vice-président de l'Association marocaine des droits humains (AMDH), a annulé son déplacement en Algérie en raison d'un deuil ayant frappé, à la dernière minute, sa famille) ont informé avoir déjà rencontré les autorités marocaines. Ce qui n'a pas été le cas pour la Tunisie puisque la délégation a été refoulée, en janvier dernier, de l'aéroport Carthage.