Pour permettre aux enfants autistes de sortir du cadre de l'hospitalisation, une équipe d'orthophonistes, psychologues et jeunes médecins pédiatres, les ont conviés dernièrement à faire un tour au zoo du parc d'attractions de Sétif. Pour l'initiatrice d'une aussi belle et bénéfique action, Samira Khaled (orthophonistes au service de pédiatrie du CHU de Sétif), la sortie a été une réussite. «Aider l'enfant autiste à s'adapter avec le monde qui l'entoure en dehors de sa maison et sans l'aide de ses parents, afin d'acquérir une certaine autonomie, découvrir le monde extérieur et renforcer les interactions sociales avec autrui; briser l'isolement de l'autiste sont les principaux objectifs de l'opération», dira en préambule l'orthophoniste, qui enchaîne: «A travers une telle action, on veut faire comprendre l'autisme et tordre le cou aux idées reçues sur la pathologie, démontrer en outre qu'il est possible de compenser le handicap et de vivre en société dans la plupart des cas si l'on se donne les moyens», précise-t-elle, tout en appelant à plus de considération envers les personnes autistes en créant de la proximité avec elles pour faire connaître leur différence et leur redonner la place qu'elles doivent tenir au cœur de notre société. Celle-ci doit non seulement savoir mais prendre conscience que les 39 000 enfants autistes recensés en 2010, ont besoin d'une attention particulière. «Selon les statistiques rapportées par le Pr. Ould Taleb, pédopsychiatre à la clinique de Garidi 2, la prévalence de cette pathologie est estimée à 4 cas pour 1000 naissances, et font état de 65 000 adolescents atteints par l'autisme, qui touche 3 à 4 fois plus les garçons que les filles. Quant à la prévalence actuelle, un enfant sur 150 naîtrait autiste, ce qui peut atteindre à ce jour plus de 150 000 personnes autistes en Algérie, un chiffre qui flambe, et aux dernières nouvelles, l'autisme touche 1 enfant sur 88 aux Etats-Unis; il va être déclaré bientôt une épidémie», explique notre interlocutrice qui met sur le tapis les difficultés rencontrées sur le terrain. «Face à cette hausse, l'état actuel du terrain clinique algérien témoigne du manque alarmant, et de structures adaptées pour le diagnostic, qui doit être posé par une équipe pluridisciplinaire formée à la pathologie de l'autisme, des structures adaptées à la prise en charge éducative, thérapeutique et pédagogique nécessaire à la prise en charge des enfants autistes. Les intervenants et spécialistes formés à cette pathologie, ainsi que les moyens et outils d'évaluation, d'investigation et de prise en charge nous font aussi défaut», souligne l'orthophoniste qui fait un état des lieux. «On ne compte actuellement que deux hôpitaux de jour à Alger, la clinique de pédopsychiatrie de Garidi II Kouba, supervisée par le Pr. Mahmoud Ould Taleb, pédopsychiatre, et une autre infanto-juvénile à Cheraga, supervisée par Dr Oussedik, également pédopsychiatre. On compte aussi un troisième, au CHU de Blida,- Unité Franz Fanon, service de pédopsychiatrie, – supervisée par Dr Metahri, chef de service. Ces trois hôpitaux de jour sont les seuls habilités à recevoir les enfants autistes et leurs familles en détresse; ils prennent en charge des cas provenant de toutes les régions du pays, sachant que l'intérieur est dépourvu d'infrastructures du genre. Il faut par ailleurs préciser que le service de pédopsychiatrie de Sétif, supervisé par Dr Belkahla (psychiatre) ne peut répondre aux besoins des enfants de l'est algérien», dira en guise de conclusion l'orthophoniste.