Des conflits liés souvent à la personnalité du P/APC, installé précipitamment par les walis délégués, se trouvent derrière a plupart des blocages connus dans la capitale. L'APC de La Casbah est toujours bloquée, et le bras de fer qui oppose le maire à ses opposants risque de durer jusqu'à la fin du mandat actuel. Les deux camps en conflit ouvert se renvoient la balle, chacun accusant l'autre d'être responsable de cette situation, dont les conséquences sont néfastes sur les affaires courantes de la commune. Pour les élus de l'opposition, cette crise aurait pu être solutionnée dès son éclatement aux premiers jours du mandat actuel. « La loi, selon Lyes Naït Kaci, élu FLN, est claire et on n'a qu'à l'appliquer. Ce sont les deux tiers des élus du peuple qui ont procédé au retrait de confiance au P/APC ». En fait, sur les 15 sièges qui forment cette assemblée communale remportée par le Front de Libération nationale — 10 élus, dont 4 FLN, 3 FNA, 2 RND et 1 PT — se sont opposés à l'installation de l'actuel maire Amar Zetili. Ce dernier, tête de liste du parti majoritaire FLN, s'est montré intransigeant sur ce point et ne compte céder sa place pour rien au monde. L'opposition déclare « avoir suffisamment de preuves sur les défaillances » dans la gestion de l'assemblée par M. Zetili lors du mandat passé. Dans le dossier de retrait de confiance adressé à la wilaya d'Alger, « des lacunes en guise d'arguments » ont été présentées, selon M. Naït Kaci qui déclare que « le retrait de confiance est déjà une solution pour le déblocage de l'APC ». Celui-ci se dit interloqué par la passivité des autorités concernées quant au cas de cette municipalité. Exprimant ses soupçons, il dira : « Je crains que les informations qui parviennent au wali d'Alger ne soient erronées. » Contacté, le P/APC de La Casbah, Amar Zetili, a indiqué qu'il n'a « rien à déclarer à ce sujet et c'est aux tutelles, la wilaya déléguée et la wilaya d'Alger de s'exprimer sur la cas de La Casbah ». Toutefois, il assure que les affaires courantes des administrés sont prises en charge et l'assemblée fonctionne d'une façon ordinaire malgré le blocage. Précédemment, le premier magistrat de la capitale a affirmé que cette crise ne doit pas durer et elle devrait connaître son épilogue prochainement. Hélas, à ce jour, rien n'augure d'un dénouement à l'horizon, puisque la situation tend plutôt à se banaliser. La médiation du wali délégué de Bab El Oued pour le déblocage de la situation n'a abouti à aucun résultat, et depuis, rien n'a été entrepris pour concilier les deux parties en conflit. Plusieurs citoyens interrogés ont exprimé leur révolte quant à ce blocage dont les conséquences se font sentir au quotidien. « C'est toujours l'anarchie, la crise de logement, le chômage et l'insécurité », souligne un homme d'un certain âge. Et à un autre d'ajouter : « Je regrette d'avoir pris la peine de me lever le matin et aller mettre mon bulletin d'électeur dans l'urne, c'était finalement pour rien ! ». Cet avis est partagé par plusieurs habitants de La Casbah qui se disent pris en otages par leurs représentants. Bab Ezzouar :Vers le dégel Dans une déclaration rendue publique le 17 septembre dernier, 10 membres de l'APC de Bab Ezzouar, qui, le 26 janvier de l'année en cours avaient introduit auprès de la tutelle une demande de retrait de confiance au président de l'APC, Chemlal Youcef, viennent de réitérer leur demande en insistant sur l'obligation de redynamiser le plan de développement de la commune qui connaît un gel pénalisant pour les citoyens : « Nous sommes navrés quant à cette situation de gel qui perdure. Nous lançons un appel urgent à la tutelle afin qu'elle applique l'article 55 du code communal et ce dans l'intérêt général des citoyens de la commune, d'autant plus que tous les projets de la commune connaissent une léthargie avérée. A titre d'exemple, les opérations de solidarité pendant le mois de Ramadhan et lors de la rentrée scolaire n'ont pas été accomplis et ce, au grand dam des citoyens », assure Ben Chakal Abdelkader, représentant du collectif des élus frondeurs. A travers cette déclaration, les signataires mettent en exergue l'intérêt des citoyens de la commune qui se trouve « occulté » par le gel des projets devant améliorer leur cadre de vie. Contrairement à ces propos, la situation serait, selon les responsables de la wilaya déléguée, tout autre : « Tous les projets ayant trait au développement local de la commune ont été lancés à temps. Concernant les opérations de solidarité menées lors de la rentrée scolaire et durant le mois de Ramadhan, celles-ci ont été toutes conduites à terme et dans de bonnes conditions. Cela a été rendu possible grâce au droit de substitution des pouvoirs qui a permis de poursuivre la gestion des affaires de la commune dans des conditions normales et optimales », soutient le chef de cabinet de la wilaya déléguée. A la question de savoir pourquoi le retrait de confiance n'a pas été approuvé par la tutelle, notre interlocuteur dira : « Il ne s'agit nullement, dans ce cas de figure, de lacunes au niveau de la forme, mais il est question de la non-conformité du contenu de la demande du retrait avec la réalité ». A l'inverse de ce qui a été consigné dans la déclaration des élus, le P/APC, dans le même sillage, insiste, documents à l'appui, sur la non-concordance de ces déclarations : « Une inspection a été diligentée par la wilaya, elle a effectué une enquête approfondie pour déterminer la véracité des points soulevés par les élus frondeurs et qui ont servi d'étayement au retrait de confiance. La commission n'a pu établir de fondement recevable à ces difformités. » Et de poursuivre : « Les projets du plan d'action municipal ont été lancés dans leur majorité. Nous avons parachevé une bonne partie de ce programme, notamment la réalisation de plusieurs structures dans le domaine de l'éducation, la culture, la voirie, le réseau d'assainissement, etc. » Toutefois, compte tenu de la situation conflictuelle qui prévaut toujours au niveau de l'assemblée, le président d'APC ira jusqu'à dire : « Si la tutelle estime que je suis délictueux et fautif, elle n'a qu'à me destituer, et si au contraire elle considère mon travail comme étant conforme à la réglementation, elle doit me rétablir dans mes droits. » Toutefois, les signes avant-coureurs d'un dénouement de la situation au niveau de l'assemblée semblent prendre des allures concrètes, tant les efforts de médiation sont sur le point de réconcilier les belligérants. Djamel G. , K. Saci