Seule parade des autorités de tutelle : entériner la présence de « délégués » communaux élus par le peuple. A peine les résultats des élections communales connus que des blocages interviennent dans certaines assemblées. Les élus ont refusé l'installation d'exécutifs mis en place par des walis délégués pressés, en retirant leur confiance aux P/APC. Première à vivre cette situation, la commune de La Casbah : c'est l'élu FLN, président de l'assemblée sortante, M. Ztili, qui fait les frais de la colère de ses collègues du parti, auxquels se sont joints des élus d'autres formations politiques. Les élus passés dans l'opposition seront vite sanctionnés par le Front dont le secrétaire général, Abdelaziz Belkhadem, interpellé par ses ouailles, n'a pas caché son soutien au président de l'APC M. Ztili qui a soutenu, dans ses nombreuses déclarations que les élus défendent des intérêts inavoués, alors que lui a toujours la confiance de ses électeurs. Le blocage de l'assemblée s'est répercuté sur le travail des services de cette APC pauvre qui n'arrive plus à répondre aux exigences de la population, relève Djakhoukh Mokrane, membre d'une association qui travaille avec les enfants des quartiers de la vieille ville. « Que l'on ne vienne pas nous raconter des sornettes, il y a une preuve de cet abandon de la population, la Place des Martyrs qui se clochardise. Auparavant, on embellissait les lieux pour épater la galerie, il n'en est rien actuellement », assène-t-il en mettant dos à dos les élus « des deux clans ». Le wali délégué de Bab El Oued, qui a installé « dans la précipitation » l'exécutif, est remis en cause. « Une connivence s'est installée entre le maire sortant et une administration dont le souci est seulement de voir l'assemblée formée sans trop d'encombres », insiste Aït Kaci, élu d'obédience FLN. La colère couve aussi à quelques lieues de là, à l'APC de Bouzaréah, plus « riche ». La fronde est là aussi menée par des élus du vieux Front. « Nous regrettons l'état dans lequel se trouve l'APC en raison du diktat imposé par le président qui n'a plus la confiance de 13 élus sur les 15 que compte l'assemblée. Plusieurs délibérations officielles ont été faites depuis le 26 janvier dernier », soulignent les élus dans une nouvelle déclaration dont nous détenons une copie. Beaucoup de griefs sont retenus contre le P/APC d'obédience FLN : les sanctions dont ont fait l'objet des élus, la non-tenue de délibérations comme indiqué par la loi, les pensions des handicapés non payées, etc. Autre personnage remis en cause par les élus, le wali délégué de Dar El Beïda. « La tutelle, à sa tête le wali délégué, dont les bureaux ne se trouvent qu'à 200 mètres de l'APC, a accaparé les prérogatives des élus. Au lieu de régler les problèmes, indiquent toujours les protestataires, le commis de l'Etat a permis l'installation d'un délégué à la tête de l'APC de Bab Ezzouar. Pourtant, le temps de ces délégations communales est révolu ». Le wali délégué s'en défend et s'en prend aux meneurs qui bloquent le développement de la commune. « L'Etat est présent et tout est mis en place pour faire fonctionner l'APC. Par leur faute, des pensions n'ont pas été payées », déplore-t-il. A Belouizdad, c'est aussi le même état d'une APC bloquée et où les citoyens ne trouvent souvent pas leur compte. Ceux qui habitent dans de vieilles bâtisses de Laâqiba, Cervantès ne s'en sortent plus et les projets lancés durant l'ancien mandat, comme la décision de délocaliser le marché Tnach, n'ont pas été pris en charge. Mahmoud Chlagui, habitant de la rue Belouizdad, affirme que M. Aggoun, P/APC, se trouve en face d'élus « qui ont décidé de bloquer les affaires de la commune ». « Le citoyen n'est jamais dans leurs calculs », gueule-t-il devant le guichet de la commune pris d'assaut ce dimanche. Plusieurs autres communes connaissent des retraits de confiance qui n'aboutissent pas au départ des mis en cause. Le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales, Yazid Zerhouni, a affirmé à la presse que des « solutions » doivent intervenir dans la centaine d'APC qui connaissent des situations de blocage. Il n'en est rien à Alger. A Bir Mourad Raïs, des élus rendent public un communiqué où ils dénoncent les agissements du P/APC. Plusieurs autres APC de la périphérie de la capitale, comme El Achour, Birtouta, connaissent des « bouffées de colère » dont la seule victime est le citoyen lambda. A Baba Hassen, c'est le même topo. Seule parade des autorités de tutelle : entériner la présence de « délégués » communaux élus par le peuple.