Des Assemblées populaires communales (APC) sont toujours bloquées presque deux années après les élections communales. Les mises en garde du ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Noureddine Yazid Zerhouni, et les avertissements répétés et les menaces du wali de la wilaya d'Alger, Addou Mohamed Kebir, n'y ont rien changé. Les conséquences de cette situation dont aurait pu en faire l'économie la population, étaient prévisibles : des projets d'utilité publique ne sont pas lancés et l'administré en souffre. « Seul le service d'état civil fonctionne, les commissions ne siègent plus et, durant le mois de Ramadhan, le couffin distribué d'habitude a été bloqué à cause de la situation que vivent ces assemblées qui sont sous perfusion », assurent des élus de La Casbah. Des conflits liés souvent à la personnalité du P/APC, installé précipitamment par les walis délégués, se trouvent derrière la plupart des blocages connus dans la capitale. Souvent de la même formation politique, des élus s'insultent sans ménagement aucun. Le FLN qui a remporté plusieurs APC, s'est vite trouvé en difficulté au lendemain de l'installation des assemblées : les P/APC, d'obédience FLN, ont perdu la confiance de leurs collègues de la même chapelle. Le SG du parti, Abdelaziz Belkhadem, informé de ces situations qui risquent d'écorner la réputation du parti, est intervenu dans certains cas, présentant à la commission de discipline certains élus et renvoyant d'autres sans ménagement. A La Casbah, des élus frondeurs ont été « dégommés » du vieux parti puisqu'ils ont contesté le P/APC qui, semble-t-il, a ses entrées au siège de Hydra et des soutiens au niveau de l'administration centrale. La situation commence à changer pourtant. Un secrétaire général d'une APC dont nous tairons le nom affirme que les APC bloquées (La Casbah, Belouizdad, Bab Ezzouar, Tassala El Mardja et Dely Ibrahim) ont connu des déblocages. Des alliances ont été conclues après coup. L'on annonce d'ailleurs des arrangements à l'APC de Dely Ibrahim, de Belouizdad ou encore Bab Ezzouar où les élus auraient rallié le camp du P/APC vilipendé la veille. « Les blocages qu'ont connus ces APC ont créé des situations inédites », assure notre SG. « Les communes n'appartiennent plus aux élus de la population, la responsabilité de la gestion courante incombe aux administrateurs désignés par la tutelle. Cet état de fait sera entériné par le nouveau code qui donne plus de pouvoirs aux secrétaires généraux, poste avancé de l'administration centrale. La décentralisation prônée est biaisée à la faveur de cette réforme », insiste-t-il. La procédure du retrait de confiance sera aussi rendue plus difficile à la faveur de l'adoption du nouveau code communal discuté à l'Assemblée populaire nationale. « Les délibérations portant sur les aliénations, les acquisitions ou les échanges d'immeubles, les emprunts, l'acceptation des dons et legs, la passation des marchés publics, l'intercommunalité, le vote de défiance entraînant le retrait de confiance au président d'APC… ne sont exécutoires qu'après approbation du wali », poursuit le SG. Le wali intervient en personne ou bien à travers le wali délégué de la circonscription. Dans la plupart des situations, il fait adopter le budget par dérogation après avoir « imposé » le P/APC à une assemblée frondeuse. « Les délibérations qui se trouvent bloquées par les actions des élus ne servent plus à rien. Le wali décide de tout, mais décide-t-il bien ? », assène-t-il.