Dans les pharmacies d'Alger-Centre, les étagères sont plutôt bien remplies. Enfin, pour le moment. Les médicaments disponibles aujourd'hui ne l'étaient pas hier. «La rupture est cyclique. Le médicament reste indisponible pendant plusieurs semaines, puis on reçoit plusieurs boîtes pour un mois, puis ça recommence!», explique un pharmacien de Belcourt. Le patient, lui, doit faire avec la douleur : «Imaginez quelqu'un qui souffre de la goutte. Les articulations s'inflamment, et c'est insupportable pour le malade, même pour quelques jours!», ajoute-t-il. Que doit faire un asthmatique sans Ventoline pendant 3 semaines ? Un diabétique sans Glucophage? Le constat est le même dans tout le pays. A Tindouf, il n'y a plus de contraceptif, ni d'antibiotiques injectables. A Constantine, le Doliprane est insuffisant. Et à Tizi Ouzou, impossible de trouver un traitement pour les épileptiques. Certains médicaments indispensables sont même en rupture de stock. Première victime, les femmes enceintes. Le Syntocinon qui permet de dilater le col de l'utérus et de faciliter l'accouchement est introuvable. «Comme nous n'avons pas ce médicament, les médecins multiplient les césariennes. Vous imaginez le coût pour l'hôpital ?», s'indigne un pharmacien. Israël Ce discours tranche avec celui du ministre de la Santé. Djamel Ould Abbès affirmait, samedi passé, à El Moujahid que «99% des produits essentiels» étaient «disponibles sur le marché». Selon lui, «la rupture de médicaments (sic) relève désormais du passé». Or, selon l'Union nationale des opérateurs de pharmacie (Unop), le ministère de la Santé est le premier responsable des ruptures constatées. Le Spasfon injectable et la Colpotrophine, qui prépare l'accouchement, par exemple, étaient produits par un laboratoire, délocalisé en Israël. Les importations sont désormais interdites. Dans d'autres cas, les laboratoires, après avoir fusionné avec d'autres, sont en attente de la «variation», une procédure d'enregistrement accomplie par le ministère de la Santé. Ensuite, vu que le processus de conditionnement primaire est interdit, certains médicaments, comme la Digoxine, ne sont plus importés. Enfin, le ministère retarde l'approvisionnement en médicaments puisqu'il tarde à publier les appels d'offres destinés aux fournisseurs. Nous avons contacté le directeur de la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH) pour plus d'explications. Il n'a pas été autorisé à se prononcer par sa tutelle.