Les réformes introduites ces dernières années dans le secteur de la santé n'ont pas donné lieu aux résultats escomptés, y compris dans la wilaya de Aïn Defla où la population espérait mieux depuis des années, sachant que cette région a perdu beaucoup de ses fils durant la décennie noire, estiment des observateurs. Cette situation résulte du fait que le nombre d'habitants n'a cessé de croître, alors que les structures de soins n'ont pas évolué dans le même sens. Une réalité que le ministre de la Santé, de la Réforme hospitalière et de la Population, Djamel Ould Abbas, en visite d'inspection et de travail, lundi dernier dans la wilaya de Aïn Defla, n'a pu contourner, tant les indicateurs étaient là pour le lui rappeler à chaque halte. Il en est ainsi de l'EPH (Entreprise publique hospitalière), Mekkour Yahia, du chef-lieu de wilaya, construite en préfabriqué, suite au tremblement de terre d'El Asnam, Chlef actuellement. Une structure qui commence à montrer des signes de dégradation, après plus de 28 ans de fonctionnement et qui s'avère de plus en plus exiguë pour répondre à une population qui a triplé dans le même temps. Aussi, l'espace vient souvent à manquer, de telle sorte que l'on retrouve quatre services dans un seul, nous fera observer un fonctionnaire, en marge de la visite ministérielle. A titre d'exemple, des enfants sont pris en charge dans les services réservés également aux spécialités de traumatologie, chirurgie, urologie…). Autre obstacle au bon fonctionnement de cette structure, un déficit dans certaines spécialités très demandées telles que la gynécologie obstétrique et la radiologie. S'agissant de la première spécialité, une équipe de la mission chinoise, composée de 4 gynécologues, effectue un travail remarquable, salué d'ailleurs par le ministre. Néanmoins, la pression demeure très forte sur ce service, qui a enregistré depuis novembre 2010, date de l'arrivée des gynécologues chinois, plus de 10 000 naissances, nous dit-on sur place. Au passage du ministre, le personnel soignant scandait : «On a besoin de gynécologues !» En réponse, le ministre s'est engagé à combler le déficit dans ce service et dans celui de la radiologie au plus tard dans un mois, a-t-il assuré. Le cas du service de radiologie dans les structures sanitaires de la wilaya n'est pas peu enviable, puisque des scanners acquis à des prix élevés ne trouvent personne pour les faire fonctionner. Ce qui n'empêchera pas Ould Abbas de déclarer fièrement, sur les lieux, que le secteur dispose à l'échelle nationale de quelque 73 500 équipements répartis dans 7585 structures dont 15 CHU. Le ministre ira jusqu'à féliciter les responsables et les fonctionnaires de la santé dans cette wilaya, qualifiant de «satisfaisante» voire d'«excellente», la situation en matière de prise en charge des malades. Une déclaration accueillie par des commentaires du genre : «A quoi sert-il d'avoir des équipements quand ceux-ci sont inexploités ?» Visitant le centre d'hémodialyse de l'EPH et un autre appartenant à un privé, Ould Abbas se rendra compte que les structures actuelles sont insuffisantes. Il s'entretiendra avec des patients en séance de dialyse, venus de Miliana et de Khemis Miliana, en raison, ont-ils déclaré, du manque de places dans les centres implantés dans leur ville. Signalons que la wilaya de Aïn Defla compte 4 centres d'hémodialyse au sein des EPH et deux relevant du secteur privé. Plus de 360 patients y sont pris en charge, alors qu'on apprendra que 12 transplantations rénales ont été réalisées depuis 1998 en Algérie et à l'étranger. Dans la foulée, le ministre de la Santé soutiendra qu'il existe actuellement en Algérie près de 15 000 personnes en attente d'une greffe rénale, ajoutant que le nombre d'insuffisants rénaux ne cesse d'augmenter. Il annoncera à ce sujet, le lancement imminent d'une vaste campagne d'information, à laquelle sera associée le monde associatif et le ministère des Affaires religieuses, l'objectif étant de sensibiliser les citoyens au don d'organes prélevés sur des cadavres, suite à la création de l'Agence nationale de greffe et de transplantation d'organes. Notons en outre que lors de sa visite, le ministre annoncera enfin le lancement imminent des travaux pour la construction d'un nouvel hôpital, un projet de 240 lits, pour lequel un montant de 5,5 millions de dinars a été consenti. Pour autant, il s'agira d'abord de régler le problème lié au manque de personnel médical et paramédical, avec comme souci d'attirer les spécialistes, en mettant à leur disposition toutes les commodités susceptibles de les retenir. L'autre revendication des citoyens de la wilaya de Aïn Defla est la réalisation d'autres infrastructures de soins afin d'éviter aux patients et à leurs proches les désagréments liés aux déplacements et autres évacuations médicales à l'extérieur de la wilaya.