Les Algériens et l'école. Le sujet est d'actualité. Comme de nombreux autres en ont beaucoup parlé, mais les premiers concernés, c'est-à-dire les Algériens, parents d'élèves ou citoyens, ont été peu sollicités sur ce sujet, pour ne pas dire pas du tout. Ce premier sondage se veut un pas dans le but de leur donner la parole. La publication rapide, motivée d'abord par des impératifs d'actualité, ne doit pas occulter les problèmes méthodologiques, ou même de démocratie que pose ou amène un sondage de ce type. Le premier et non des moindres est : faut-il une qualification pour émettre un avis sur l'école ? Autrement dit, que vaut l'avis sur l'école de la frange de la population qui n'y a pas eu accès ou qui n'y a eu qu'un accès limité ? L'avis des parents d'élèves est-il plus qualifié ou plus légitime que l'avis des autres citoyens ? La démarche que nous avons adoptée était de ne pas procéder par exclusion a priori, mais de faire les séparations nécessaires au moment de l'analyse. Un tel pari est toutefois difficile car l'actualité ne laisse pas le temps nécessaire pour prendre suffisamment de recul. En pratique, la difficulté qui surgit est que précisément la population (adulte) dont le niveau d'instruction est faible (disons d'analphabète jusqu'au niveau moyen) a une manière de répondre particulière sur de nombreuses questions, comme la manière dont l'école remplit son rôle, le niveau de l'école, la méthode d'enseignement, la place des différentes matières, etc. Une partie importante répond en effet « Je ne sais pas », préférant ne pas donner d'avis sur une question sur laquelle elle ne se sent pas qualifiée. Une autre tout aussi importante se place dans un avis médian qui, en quelque sorte, tempère les extrêmes. Quelle lecture faut-il faire alors de cet équilibrage forcé ? Ne faut-il pas s'en abstraire par une méthode ou une autre ? Quelle valeur auraient alors les résultats ? La publication des résultats renvoie donc à toutes ces questions qui n'ont pas de réponses immédiates. On ne nous en voudra pas donc, je l'espère, de les avoir quand même proposées à publication. Cette publication fera sans doute aussi avancer le débat. Mais avant tout, elle livre des résultats intéressants. Le premier est que les Algériens, tout au moins les adultes, ont une vision de la manière dont l'école remplit ses différents rôles qui n'est pas très tranchée. Ceux qui trouvent qu'elle remplit ces rôles de manière satisfaisante ne constituent pas la majorité. Ceux qui trouvent qu'elle ne les remplit pas du tout ne sont pas majoritaires non plus. On se retrouve donc dans une situation médiane, mais il faut savoir que, plus le niveau d'instruction est élevé et plus les personnes interrogées ont un point de vue critique. Les opinions sur le niveau ou la méthode d'enseignement sont moins équilibrées. La balance penche plutôt du côté de ceux qui sont les plus critiques. Concernant la place des différentes matières, on ne serait pas surpris de trouver qu'en majorité les Algériens trouvent que pour bon nombre d'entre elles, comme les matières scientifiques, l'histoire et la géographie, la langue arabe, les Algériens trouvent que la place qui leur est accordée est suffisante. Ils trouvent par contre insuffisante la place dédiée au sport, à la musique, au dessin et à… l'éducation religieuse. Doit-on être surpris aussi, si, dans leur majorité, les Algériens approuveraient l'enseignement des matières scientifiques en langue étrangère ? Surprise aussi, qui à elle seule aurait justifié cette publication, on apprend que la majorité des Algériens sont pour l'enseignement de tamazight sur tout le territoire national, même si cet enseignement partage ceux qui voudraient qu'il soit obligatoire et ceux qui le voudraient facultatif. Reflet de la réalité aussi, la proportion de parents ayant au moins un enfant qui prend des cours particuliers est très élevée, de la même manière que l'est celle de ceux qui ont au moins un enfant fréquentant ou ayant fréquenté une école coranique en complément à l'école publique. Enfin, sur la semaine scolaire à 5 jours, une majorité approuve la mesure mais sans nécessairement partager celle de l'allongement de l'année scolaire. Il faut toutefois noter que pour la première, il est peut-être un peu prématuré pour juger, le sondage ayant été réalisé à un moment où les Algériens n'avaient pas encore eu le temps d'en voir les différentes facettes. L'auteur est : Directeur ECOtechnics