Monument de la musique andalouse, Abderrezak Fakhardji a formé durant sa carrière de brillants élèves qui sont aujourd'hui des valeurs sûres de la culture algérienne. Ces mêmes élèves prodiges n'ont pas brisé la chaîne, puisque eux-mêmes ont su transmettre le flambeau laissé par le regretté et irremplaçable professeur à la génération actuelle. Si certains de ses disciples ont choisi une carrière en solo, il n'en demeure pas moins que d'autres sont à la tête de prestigieuses associations musicales, à l'image de Abdelwahab Nefil pour El Fakhardjia, Smaïl Hani pour El Inchirrah, et Bachir Mazouni pour El Djazira. Tous ceux qui ont eu pour professeur Abderrezak Fakhardji éprouvent une admiration sans limite pour ce maître qui a tant apporté et donné. L'un de ses anciens disciples, Sid Ahmed Serri — grande sommité de la chanson andalouse —, qui a côtoyé le défunt dès les années 1946, et ce, jusqu'à sa mort, nous a confié dans une des éditions antérieures qu'«Abderrezak Fakhardji était un personnage sur lequel on pouvait distinguer l'homme et l'artiste. En tant qu'homme, il était généreux, affable et respectueux à l'égard des autres. C'était quelqu'un de qui vous n'entendiez jamais quelque chose de choquant. Il mettait à l'aise ses élèves en les considérant avant tout comme ses amis. Il incarnait le maître dans toute l'expression du mot. Nous pouvons dire que s'il n'y avait pas eu Abderrezak, notre répertoire serait assez réduit aujourd'hui.» Abondant dans le même sens, le président de l'association El Inchirrah, Hini, estime que «si Abderrezak a été gratifié tout au long de sa vie artistique d'un profond respect de la part de ses disciples, il était un modèle de discrétion, d'abnégation, de dévouement et de générosité. Il est le seul maître qui accepta que ses élèves, pourvus d'un magnétophone, enregistrent ses cours malgré l'interdiction de la direction du conservatoire. C'est pour cette raison que l'on retrouve chez certains des enregistrements du maître qui sont pour la plupart la seule référence concernant certaines pièces musicales.» Pour rappel, l'association El Fakhardjia a été créée en avril 1981 à l'initiative d'anciens élèves du défunt maître, dont Abdelhakim Meziani, Smaïl Hini, Bachir Mazouni et Abdelwahab Nefil. Cette prestigieuse association œuvre pour la sauvegarde du patrimoine musical classique. Son président d'honneur à sa création était le défunt Mahieddine Bachtarzi, et la présidence du bureau a été confiée à Abderrezak Fakhardji. Aujourd'hui, l'association El Fakhardjia, présidée par Abdelwaheb Nefil, peut se targuer de prodiguer un enseignement de qualité à ses élèves, répartis en classes supérieure, moyenne et d'initiation. Chapeau bas pour les professeurs Youcef Fenniche et Karima qui, grâce à leur professionnalisme et leur patience ont su inculquer l'amour de cette musique savante à de jeunes artistes en herbe dont l'âge oscille entre 6 et 12 ans. Ainsi, du 8 au 12 juin, huit associations musicales andalouses se succéderont sur la scène du palais de la culture, dès 19 heures, pour interpréter un répertoire andalou des plus épurés. Parmi les associations participantes, citons El Fakhardjia, Amraoua de Tizi Ouzou, El Djandia, El Andaloussia, El Djazira, El Inchirah et Sendoussia Mezghena. Les mélomanes pourront aller à la rencontre de deux formations musicales andalouses par soirée. Outre le volet musical, le programme prévoit également une exposition de photographies consacrées au regretté Abderrezak Fakhardji, ainsi que deux conférences-débats. La première conférence, le 8 juin, animée par Youcef Taâlbia, sera consacrée à la biographie de Abderrezak Fakhardji. Quant à la deuxième conférence, donnée le lendemain par Abdelhakim Méziane, abordera la thématique des rôles des associations musicales.