Pour la soirée de clôture, le grand orchestre, formé par les disciples directs du maître Abderrezak Fakhardji et d'élèves de huit associations andalouses, a charmé les nombreux mélomanes. Ainsi, durant cinq jours, le public est venu nombreux au niveau du patio du palais de la culture Moufdi Zakaria de Kouba, pour découvrir la riche programmation de cet hommage rendu à l'une des figures de proue de la musique andalouse, Abderrezak Fakhardji. Pour le baisser de rideau, mardi soir dernier, les mélomanes ont découvert un grand orchestre riche d'une cinquantaine de musiciens professionnels. El Fakhardjia, Amraoua de Tizi Ouzou, El Djenadia, El Andaloussia, El Djazira, El Inchirrah, Sendoussia et Mezghena sont les associations, dont certains de ses membres ont fusionné avec cet orchestre. Le programme de la soirée s'est structuré en deux moments forts. La première partie a vu le bref passage sur scène d'élèves de la classe d'initiation et de la classe moyenne de l'association El Fakhardjia, sous la houlette du professeur Youcef Fenniche et de Karima Bent Omar. La prestation de cette relève de demain a été, hélas, écourtée pour des raisons de timing, c'est du moins ce qu'ont affirmé les organisateurs. Une décision qui a fortement irrité les enfants et... les parents. Place, ensuite, au très attendu grand orchestre andalou où l'on pouvait apercevoir, entre autres, Abdelwahab Nefil, Bachir Mazouni, Smaïl Henni, Lamia Maâdini, Kamel Belkhodja, Bernousi Mourad et Karima Bent Omar. Dès les premières notes musicales, des youyous, suivis d'applaudissements nourris, fusent dans le firmament de la nuit. Dès que le ‘‘la'' est donné par cheikh M'hamed Benchaouche, les instruments musicaux entament à l'unisson dans une parfaite harmonie. Cet ensemble de musiciens chevronnés en la matière a donné le meilleur de lui-même. La nouba h'cine a été interprétée avec justesse et rigueur à la fois. Des voix mélodieuses ont chanté de délicieux morceaux comme un m'cedar h'ssine Djamel El Faten par Kamel Belkhodja, un derdj El Ward Ya fetha bil Khoudoud par Lamia Madini ou encore un autre derdj Darabtini bi hounchoura par Bachir Mazouni. Cet orchestre, composé de professionnels, a su tenir en haleine, durant une heure et demie, un public attentionné et connaisseur. Abdelhakim Meziani, l'un des fondateurs de l'association El Fakhardjia et organisateur de cet événement, estime que l'hommage rendu à Abderrezak Fakhardji est une bonne initiative qui a permis de revenir à la case départ, en l'occurrence l'unité. Car, certaines associations musicales andalouses activent d'une manière désordonnée, sans esprit de solidarité, ce qui a engendré une baisse de niveau assez significatif. Cet hommage consiste aussi à se retrouver, à se réécouter et à réfléchir sur le devenir de la musique classique algéroise. Pour le président de l'association El Fakhardjia, Abdelwaheb, «cet hommage est une totale réussite dans la mesure où nous avons pu réunir une huitaine d'associations. Nous avons, cependant, insisté sur la rigueur parfaite de l'exécution. De mémoire d'homme, on n'a jamais vu un tel hommage. Notre regretté maître mérite plus que cela. Si nous avions eu un budget plus conséquent, il est clair que nous aurions proposé un programme encore plus riche.» De son côté, la chanteuse andalouse, Lamia Maâdini, estime que ce genre de rendez-vous est important à plus d'un titre. L'artiste confie qu'elle est une des nombreuses élèves de Abderrezak Fakhardji. «J'ai eu cette immense chance de suivre les derniers cours avec le maître, du moins les trois dernières années avant sa mort. Il venait tous les vendredis nous prodiguer des cours, tandis que les autres jours de la semaine étaient confiés à Nourreddine Saoudi et Smaïl Henni. Abderrezak Fakhardji demeure le maître incontesté de l'école d'Alger. C'est grâce à lui que cette musique est transmise de génération en génération», confie-t-elle.