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Vieux rêve
Publié dans El Watan le 09 - 06 - 2012

Il arrive parfois, pour parler pointu comme le font certains poètes, que le rêve se mette à la recherche du rêveur. Une petite improvisation du grand violoniste tunisien, Kaddour Essrarfi, en ouverture de la nouba Rasd Edhil, datant d'il y a plus d'un demi-siècle, m'invita, ces derniers jours, à m'interroger sur ce qui est advenu de ce Grand Maghreb, tant vanté par les politiciens, toutes tendances confondues, depuis la fin de la deuxième guerre mondiale. Rien de plus fluctuant que cette notion politique qui se montre plus récalcitrante que jamais sur le terrain, et en premier lieu, dans le monde de ceux qui s'adonnent à la politique. Apparemment, ces derniers semblent en avoir fait un cheval de bataille qu'il faut enfourcher en certaines occasions, comme celle du bombardement de Sakiet Sidi Youcef par l'aviation colonialiste française en 1958, pour la réunion de quelques unionistes à Tanger, la même année.
Le reste, faut-il le dire, ressemblerait beaucoup à des oiseaux de quelque volée qui refuseraient de se rassembler à l'horizon. Il faut se l'avouer, ceux qui ont embouché les trompettes de cette perspective sociopolitique ne sont pas légion, du moins, de nos jours. Si ma mémoire ne me fait pas défaut – car cela se passait en 1951, ou l'année d'après, ou encore bien avant. Mon père, lorsqu'il n'était pas quelque part en Méditerranée ou en haute Baltique, se drapait dans son ensemble bleu de Chine. Nous savions alors, mon frère aîné et moi, que c'était notre tour à nous d'aller vadrouiller en plein cœur d'El-Djezaïr qui se résumait à nos petits yeux, aux environs de l'Amirauté ou du square Bresson, rebaptisé Port-Saïd, depuis la visite en 1963 du président égyptien, Nasser.
Ce n'était sans doute pas l'Opéra qui pouvait attirer notre attention, ni les différentes gens qui pouvaient la fréquenter, mais plutôt la petite tournée que nous faisions, moi et mon frère, moyennant quelques sous, au square, sur un petit âne que guidait un homme d'un certain âge. Nous n'étions pas arrivés que j'entendis l'ami de mon père lui dire : «Regarde, voici Kaddour Essarfi, accompagné de Ali Riahi et de El-Hèdii Jouini !» J'étais loin de savoir qui étaient ces messieurs du monde de la musique et de la chanson. Essarfi, tiré à quatre épingles dans une tenue noire-sépia, portait son violon en bandoulière. Jouini, dans un costume trois pièces, paraissait très gai avec ses cheveux bien gominés alors que Riahi, apparemment fortement parfumé, semblait être aux anges en dépit de son embonpoint qui lui donnait un bon coup de vieux. Les trois se dirigeaient, assurément, vers l'Opéra après être sortis de l'hôtel «Oasis» donnant sur le port.
Ainsi donc, les artistes nord-africains, à cette époque, portaient haut le flambeau du Maghreb. Chacun d'eux allait à la rencontre de l'autre en dépit d'un colonialisme ravageur qui n'eut de cesse de souffler sur la moindre lueur d'espoir qui pouvait s'allumer çà et là, dans tout le Maghreb. C'est à croire que les indépendances n'ont fait que poursuivre le travail de sape mené, cheval battant et piaffant, par le colonialisme.
Certes oui, il y eut des hauts et des bas au plan du militantisme politique. Mais, on a vu tout de même des combattants acharnés œuvrer pour concrétiser une certaine unicité de cet ensemble géographique appelé Afrique du Nord : le Parti du Peuple Algérien, Allal El-Fassi le Marocain, Bourguiba le Tunisien, l'Association des Oulémas algériens et d'autres formations politiques. En dépit de certains tiraillements, ils étaient tous au rendez-vous alors que les gouvernants de nos jours donnent l'impression d'avoir raté le coup. Faut-il rappeler que les intellectuels, à leur tête Mouloud Mammeri, s'étaient attelés, à Fès, en 1959, à concrétiser sur le terrain l'Union des écrivains du Maghreb ? Non, ils ne rêvassaient pas alors, car ils savaient qu'à la base il fallait mobiliser les peuples du Maghreb sur le double plan de l'esprit et des sentiments avant tout. C'est dire qu'une telle communauté de destin n'est plus à notre portée.
Je me dis aujourd'hui que le coup d'archet du grand violoniste tunisien n'est, peut-être, qu'un souvenir chimérique de mon enfance. Il continue pourtant à me faire rêver d'un véritable ensemble sociopolitique pour tous les peuples d'Afrique du Nord.
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