Le cercle des mécontents s'élargit. Après les agriculteurs dits « assimilés » de la wilaya de Tizi Ouzou, d'autres, essentiellement des ingénieurs, techniciens et techniciens supérieurs de nombreuses régions du pays (Blida, Relizane, Sétif, Aïn Defla, Aïn Témouchent, Boumerdès, Mostaganem et Tipaza) sont montés au créneau pour dénoncer vigoureusement leur exclusion de l'opération d'effacement des dettes des fellahs, annoncée en février 2009 par Abdelaziz Bouteflika. Se sentant lésés, ils viennent de se constituer en collectif pour défendre leurs droits. A l'origine de cette colère, une déclaration de Rachid Benaïssa, ministre de l'Agriculture et du Développement rural. Celui-ci, après la promesse faite de prendre en charge leur problème, a fait marche arrière. « Nous avons décidés que cette frange d' agriculteurs n'est pas concernée par la décision de l'effacement de la dette des agriculteurs, parce qu'ils n'ont pas bénéficié de prêts bancaires, mais qu'ils ont bénéficié d'un matériel dans le cadre du leasing. Ces agriculteurs sont appelés à les rembourser », avait-il déclaré dans un entretien accordé à un quotidien arabophone, en date du 29 septembre dernier. L'annonce ministérielle est tombée comme un couperet parmi ces agriculteurs assimilés, bénéficiaires depuis 2002 d'un matériel agricole dans le cadre du PNDA. Ils estiment ne pas comprendre ce curieux revirement dans l'attitude du ministre. « Ces déclarations sont en contradiction avec les promesses de M. Benaïssa. Il nous a promis en personne d'être notre premier avocat », indique Mohamed Merrati, porte-parole dudit collectif, également président de l'Association des agriculteurs assimilés de la wilaya de Tizi Ouzou. Et d'ajouter : « Il avait même déclaré sur un plateau de la télévision que le dossier des agriculteurs assimilés a été transféré vers le ministère des Finances. Nous avons eu une audience avec le directeur général du Trésor qui nous a appris ne pas être au courant d'un tel dossier. » Surpris par cette tournure prise par les événements, ces agriculteurs assimilés affirment avoir pris attache avec le chef de cabinet du ministère de l'Agriculture qui, à son tour, leur a signifié que « le traitement du dossier est en cours et se réglera dans les plus brefs délais ». Quelques jours plus tard, ils apprennennt, ahuris, par le biais de la presse, que M. Benaïssa vient de « renier » ses propres engagements en décidant de les exclure de l'opération d'annulation des dettes des agriculteurs. « Le ministre nous a poignardé dans le dos », s'indignent-il. Contactée, une source au niveau du ministre de l'Agriculture nous a expliqué que « les agriculteurs ou les jeunes investisseurs qui ont bénéficié d'un crédit-bail ne sont pas concernés par la décision » d'annulation des dettes. Pour étayer ses propos, notre source souligne encore : « Ces jeunes investisseurs se sont engagés dans des opérations de leasing avec la société de crédit-bail Salam, qui est en liquidation. C'est un montage de dossier. Ils ont eu un matériel qu'ils devaient rembourser sous forme de location jusqu'à son acquisition. Une bonne partie de ces investisseurs n'ont pas honoré ses engagements. Ce ne sont pas des crédits bancaires ». Toutefois, on nous affirme que le « problème de ces agriculteurs assimilés doit être pris en charge à travers des solutions (paiement des dettes par échéancier, ndlr) pour leur permettre de continuer a travailler ». Par ailleurs, la même source tient à préciser que « l'opération d'effacement de la dette est menée par les institutions financières concernées et sa gestion est assurée par le directeur général du Trésor ».