L'objectif est simple pour les joueurs de Vicente Del Bosque : poursuivre leur insolente domination sur le football international et rejoindre dans les annales la RFA, seule nation à avoir aligné trois finales de rang en l'espace de quatre ans, entre 1972 et 1976. Mais pour réussir cet exploit et écrire une nouvelle page d'histoire, l'Espagne devra d'abord museler celui qui est pour le moment la grande vedette de la compétition. Avec trois buts sur les six inscrits par son équipe, Ronaldo survole les débats avec en point de mire un deuxième Ballon d'Or après celui décroché en 2008. Avec un tel joueur, capable de gestes techniques inouïs et bien décidé à offrir à son pays une deuxième finale dans un Euro après celui de 2004, la Roja peut se faire du souci d'autant que la sélection portugaise fait preuve d'une discipline sans faille, entièrement mise au service du génial CR7. Outre la proximité géographique, les deux formations se connaissent bien, la plupart de leurs cadres évoluant en Espagne et plus particulièrement au Real Madrid (Ronaldo, Pepe et Coentrao côté Portugal, Casillas, Arbeloa, Ramos, Xabi et Albiol côté espagnol). Ce qui rajoute encore plus de piment à ce véritable derby. Pour autant, les tenants du titre martèlent depuis plusieurs jours le même message : il n'est pas question de faire de Ronaldo une obsession. «Nous n'avons rien prévu de spécial pour freiner Ronaldo. Durant le match, nous tenterons de le contenir comme n'importe quel autre adversaire», a expliqué Xabi Alonso.
Déjà au Mondial 2010… Info ou intox pour froisser l'ego de Ronaldo avant le match ? Le précédent affrontement entre les deux pays dans une phase finale sert en tout cas de référence aux Espagnols. En 8e de finale de la Coupe du monde en 2010, Ronaldo avait été inexistant et l'Espagne s'était tranquillement imposée 1-0 sur un but de Villa. Mais cette fois, l'ex-Mancunien est habité par une ambition qui lui donne des ailes, sortir de l'ombre de Lionel Messi et récupérer le titre officieux de «meilleur joueur du monde». Le coup est largement jouable, l'Espagne paraissant moins souveraine que par le passé et n'ayant pas encore eu affaire à une grosse cylindrée, hormis l'Italie au premier tour. Sans David Villa, forfait pour cet Euro, Del Bosque tâtonne en attaque et a jusque-là alterné deux systèmes, avec ou sans avant-centre de métier. Quelle sera cette fois l'option choisie ? Comme contre l'Italie et la France, le milieu Fabregas pourrait jouer les «neuf menteurs» à la place d'un Fernando Torres pour l'instant assez décevant au poste d'avant-centre. Mais pour le reste, tout sera à l'avenant : Casillas comme ultime rempart face à CR7, Piqué-Ramos comme sentinelles de la défense et Xavi-Iniesta dans la salle des machines. Côté portugais, Paulo Bento a démontré qu'il n'était pas un adepte du turn-over et devrait encore reconduire ce bloc compact et hermétique sur lequel nombre d'équipes, à part l'Allemagne lors du premier match, se sont cassé les dents. Seule la défection de l'attaquant Helder Postiga, va obliger le sélectionneur portugais à modifier son onze de départ. Hugo Almeida devrait logiquement le suppléer. Mais quels que soient les joueurs alignés, tous les regards devraient converger vers Ronaldo, véritable baromètre de cette demi-finale.