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les petites révélations de «la valise» de Jean-Jacques Lebel sur le MNA
Publié dans El Watan le 07 - 07 - 2012

Il s'agit de documents, tracts et rapports internes inédits du Mouvement national algérien (MNA), le parti de Messali Hadj, datant de 1956, laissée chez l'artiste français Jean-Jacques Lebel. «Un militant a demandé à ce que cette valise ne soit ouverte que cinquante ans plus tard», a précisé Nedjib Sidi Moussa lors d'une conférence intitulée «Comment les Messalistes font la révolution ou le basculement de l'année 1956».Jean-Jacques Lebel, qui a hébergé des militants messalistes chez lui à Paris, est connu pour avoir initié en 1960 l'œuvre collective «Le grand tableau antifasciste» pour dénoncer le colonialisme et la torture en Algérie. Dévoilée en 1961 à Milan, en Italie, lors de l'exposition «L'anti-procès», l'œuvre a été censurée pour, entre autres, «atteinte à la religion de l'Etat et offense au prestige de sa seigneurie Jean XXIII».
Le pontificat de Jean XXIII à Rome a duré de 1958 à 1963. «Ces documents sont passés par les mains de Moulay Merbah, secrétaire général du MNA», a précisé le conférencier. Qualifiant les documents de précieux, il a estimé qu'ils permettent d'avoir une idée sur l'organisation interne du MNA, sur les rapports conflictuels et sur les questions internationales.
Pour rappel, le MNA avait remplacé, à partir de 1954, le Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD). Le MTLD avait éclaté après les divergences entre les centralistes et les Messalistes. Les centralistes devaient rejoindre le FLN au début de la guerre de Libération nationale. «Au sommet de l'organisation du MNA, des dissensions existaient en Algérie et à l'étranger en 1956. Les documents rapportent l'assassinat des frères Sahraoui à Larbaâ, la disparition de Mohamed Benbegra au Maroc, l'arrestation au Caire de Chadli Mekki et Ahmed Mezghena…
Les règlements de comptes s'installent en une des journaux colonialistes. Après l'assassinat de Sadek Rihani à Climat de France à Alger, le 11 septembre 1956, la direction du MNA se divise en deux comités rivaux. Il y a, d'un côté, le comité Slimane, de l'autre, celui de Boucif, pseudonyme de Khelifa Benamr. La méfiance s'installe parmi les militants. Slimane va être exclu sans jugement, Khelifa sera suspendu plus tard par Moulay Merbah. Certains cadres demandent à la direction parisienne d'intervenir», a détaillé Nedjib Sidi Moussa.
La guerre dans la guerre
D'après lui, Moulay Merbah, qui s'était établi en Suisse, avait proposé en vain plusieurs actions spectaculaires en France et critiqué l'inertie du mouvement. «Selon une correspondance, 90% des combattants dans les Aurès étaient favorables aux Messalistes. Les cadres étaient pro-FLN parce qu'il les fournissait en armes. Le Sud était contrôlé par le MNA contrairement au Constantinois. Il n'y avait pas de contact dans l'Oranie. Un correspondant a demandé comment procéder pour éliminer un indicateur. Le responsable devait répondre qu'il ne fallait pas s'attaquer à des civils innocents en écrivant : ‘'Notre action doit être approuvée par le peuple''», a-t-il relevé. Selon Nedjib Sidi Moussa, le MNA ne s'était pas constitué contre le FLN, mais en réaction à la dissolution du MTLD. «La concurrence avec le FLN va prendre plusieurs formes. Elle ne peut être réduite à la guerre dans la guerre. Les rapports internes du MNA renseignent sur la réduction des effectifs et la démoralisation des troupes expliquées par les lettres cachetées ALN envoyées par le FLN aux militants les accusant d'être des traîtres», a précisé l'universitaire.
Les casemates du MNA connaissaient, d'après lui, des problèmes d'indiscipline et des détournements de fonds. Il a évoqué les critiques écrites par les responsables du MNA sur l'action des oulémas, de certains cadres du FLN et des bourgeois qui «ont servi le colonialisme de père en fils». «Un communiqué de presse du MNA datant du 27 mars 1956 a dénoncé des éléments dissidents de l'ALN, dirigée par Krim Belkacem, qui se livraient en Kabylie à des actes abominables sur la population. Des dissidents qui auraient été condamnés le 1er février 1956 par l'ALN comme des criminels, traîtres à la nation algérienne et contre-révolutionnaires», a relevé l'intervenant. Il a évoqué la proposition faite par les Egyptiens de rapprocher le MNA et le FLN. Le MNA avait conditionné cela par la libération de ses militants.
«Fin août 1956, Moulay Merbah a eu plusieurs entretiens avec les diplomates égyptiens envoyés par Nasser en Suisse (…) Proposition a été faite aux cadres du MNA d'entrer en contact direct avec les responsables égyptiens au Caire où l'argent leur sera donné et leur sécurité garantie», a indiqué le conférencier. L'initiative de médiation égyptienne n'a pas abouti.
Le Caire avait dès le début décidé de soutenir le FLN. Le MNA, selon Nedjib Sidi Moussa, avait appuyé l'idée d'une union des «forces vives» du Maghreb pour «détruire les séquelles de l'impérialisme français».
Les occultations de l'historiographie officielle
Le déclenchement de la guerre de Libération dans les Aurès n'a pas pu avoir lieu, selon l'historienne Ouanassa Siari Tengour, sans la mobilisation politique des militants du PPA-MTLD. Elle est revenue lors d'une conférence sur la préparation de la lutte armée par Mustapha Benboulaïd, chef de la Zone I, et son adjoint Bachir Chihani. «L'historiographie officielle de l'Algérie a fabriqué elle aussi son mythe. Celui de la table rase, occultant la longue gestation, nourrie à l'action plurielle, des différentes formations du mouvement national. Sans la connaissance des processus de politisation et des formes de socialisation qui les ont accompagnés, il est pour le moins difficile d'expliquer l'embrasement qu'ont connu les Aurès à partir de Novembre 1954», a-t-elle noté. Selon elle, les Amis du Manifeste et de la Liberté, association créée par Ferhat Abbas en 1944, avaient accompli, en plein cœur de la Seconde Guerre mondiale, un énorme travail de pénétration des idées politiques «liées à des thèmes annonciateurs d'horizons nouveaux». «Plus que la revendication de l'égalité, ce fut l'idée d'indépendance qui acquit une résonance toute particulière dans l'Algérie profonde. (…)
La plupart des administrateurs mixtes de la région des Aurès n'avaient pas manqué de manifester leur inquiétude face à l'augmentation des signes de désobéissance, telles les inscriptions murales défiant ouvertement l'autorité publique», a-t-elle expliqué. Elle a cité l'exemple de la citation «Frères musulmans, préparez-vous», écrite sur les murs de Biskra. Reprenant des archives, Ouanassa Siari Tengour a relevé que les Amis du Manifeste étaient soutenus par 18 000 militants dans la région de Khenchela. Les manifestations de Mai 1945 exprimaient, d'après elle, une appropriation subversive de l'espace public avec des chants patriotiques, le déploiement du drapeau national (l'emblème algérien avec le croissant et l'étoile rouges a été confectionné en juillet 1937 par Emilie Busquant, épouse de Messali Hadj) et des appels à la libération du fondateur du PPA.
«Dès cette date-là, le tournant est pris en faveur d'un horizon d'attente articulé autour de l'idée d'indépendance et déterminée à rompre avec la condition coloniale», a-t-elle souligné. Selon l'universitaire, la période allant de 1945 à 1954 a connu un renouvellement de la culture politique. «Toute une sémantique de la libération travaille les esprits. Les expressions ‘'El watan'', ‘'El Djazaïr‘', ‘'el istiqlal'' apparaissent», a-t-elle noté, soulignant que les élections organisées à cette époque ont contribué à créer le débat, à structurer les espaces politiques et faire émerger de nouveaux acteurs à l'échelle locale, notamment dans les Aurès. Elle a appuyé son propos par la candidature de Mustapha Benboulaïd à l'Assemblée algérienne en avril 1948.
Benboulaïd, qui militait au sein du MTLD depuis 1946, avait «perdu» l'élection au profit du candidat de l'administration coloniale. Elle a cité des documents datant de juin-juillet 1955 portant des directives de Bachir Chihani sur l'organisation de la lutte armée dans les Aurès : création de comités de soutien auprès de la population, répartition des tâches pour le renseignement et le ravitaillement, contribution des femmes, prise de contact avec toutes les couches sociales, les partis… «Aucune distinction dans la lutte. Tout le monde peut y participer, les Français, les juifs, etc.», était-il écrit dans ces documents. Des documents qui détaillaient aussi la manière avec laquelle les combattants de l'ALN devaient traiter avec la population civile, l'attitude à observer face aux goumis (harkis). Des mises en garde étaient aussi adressées aux Oulémas, chef de djemaâ, gardes-champêtres, chefs de parti. «Vous leur dites que nous sommes une armée qui désire une compréhension mutuelle et l'association dans l'action», était-il encore préconisé.


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