Il y a longtemps que Tazmalt n'a pas connu une telle animation. Et pour la première fois les citoyens ont vu de plus près des troupes folkloriques locales mais aussi targuie, m'zab et chaouie. Le défilé des troupes folkloriques s'est vite transformé, malgré, ou plutôt grâce, au bruit assourdissant du baroud, en spectacle de rue, au grand bonheur des badauds et des citoyens venus nombreux assister à cette ouverture en grande pompe du Festival Mohand Saïd Amlikech. Une 1ère édition bien réussie, qui, loin de faire que dans le folklore, a été une bonne occasion de renouer avec l'activité culturelle. Mais plus encore, renouer avec le combat culturel pour la réappropriation de l'histoire et de la culture de la région. Une région connue, à travers l'histoire, pour sa farouche résistance aux occupants. Une histoire qui reste malheureusement peu connue pour la majorité. Et cela fait des années que des hommes de culture et les «militances» culturelles à Tazmalt bataillaient pour l'institution de ce genre de festival, qui à travers la réhabilitation du poète (cité par Mouloud Mammeri dans Poèmes kabyles anciens) devait travailler à la réhabilitation du patrimoine et de la mémoire locale et régionale ; pour ainsi «sauver de l'oubli et de la disparition définitive des pans entiers de notre culture.» Une association culturelle au nom du poète a vu le jour en 2006 et n'a cessé depuis de travailler pour cet objectif. En collaboration avec les associations actives de la Daïra, à leur tête les incontournables Sidi El Mouffok d'Ath M'likech et Main tendue de Tazmalt, avec le soutien des trois APC (Tazmalt, Ath M'likech et Boudjellil,) ce projet de «réhabilitation de la mémoire collective» a pu, après des mois de travail, aboutir. Et cela n'a pas été facile. Car il avait fallu «réinventer» le poète. Un véritable travail de recherche mené depuis des années pour récupérer ses poèmes et quelques séquences de sa vie, mais aussi des séquences de l'histoire des Ath Mlikech. Un livre sur le prince des poètes Si Mohand Said Amlikech, fruit de recherches et recueils de témoignages menés par Bellil Yahya (Inspecteur de langue tamazight) et Djamel Arezki (inspecteur de langue française et auteur) est paru à l'occasion de ce festival. Il avait fallu aussi du travail pour donner un visage au poète, puisque il n'y a aucune trace de lui. Un artiste, Chebbi Mokrane, s'en est chargé pour réaliser une esquisse, la plus proche possible de la réalité. Une statue du poète a ainsi été réalisée, érigée à Iaggachen (Ath Mlikech) son village natal. Ainsi que deux bustes le représentant, l'un à la maison de Jeunes de Tazmalt, l'autre à Boudjellil. Mohand Saïd Amlikech (1812-1877), contemporain des illustres poètes kabyles Si Moh Ou Mhend et Cheikh Mohand Oulhocine, mais beaucoup moins connu, vient donc de renaître à l'occasion du bicentenaire de sa naissance, à travers le Festival culturel qui lui a été dédié du 1er au 4 juillet. Un festival qui aura tenu toutes ses promesses. Autant par la variété et la richesse de son programme que par la qualité des intervenants. Des conférences-débat, la belle poésie de qualité, du théâtre professionnel, du chant (local, targui, m'zab…). Par ailleurs, une stèle a été à inaugurée à Ath Wamar à la mémoire des «combattants d'Icharidden» où sont enterrés 500 (sur les 750) volontaires de Ath Mlikech qui avaient participé à la célèbre bataille.