-Selon le ministre de l'Intérieur, 12 000 Syriens ont fui leur pays pour rejoindre l'Algérie. Au vu des conventions internationales, notamment celle de 1951, quel statut peuvent-ils avoir ? Comme il a été rapporté, les Syriens sont autorisés à résider, d'une manière légale, en Algérie pendant 3 mois. Au-delà de cette période, leur séjour sera considéré comme illégal au vu de la loi. Ils devront donc formuler, en fonction des lois en vigueur, une demande d'extension d'autorisation de séjour, un titre de séjour, ou une demande d'asile. En effet, la convention de 1951 sur le statut de réfugié stipule que «le terme réfugié s'appliquera à toute personne : (…) qui, craignant avec raison d'être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques, se trouve hors du pays dont elle a la nationalité et qui ne peut ou, du fait de cette crainte, ne veut se réclamer de la protection de ce pays ; ou qui (…) ne peut ou, en raison de ladite crainte, ne veut y retourner.» Compte tenu de la situation incertaine dans leur pays d'origine, le HCR recommande aux gouvernements de ne pas contraindre les Syriens à rentrer chez eux. -Combien parmi eux ont déposé des demandes pour l'obtention du statut de réfugié au niveau de la représentation du HCR à Alger ? Depuis le début du mois de janvier 2012, 86 demandes d'asile ont été formulées auprès de l'UNHCR Alger. Ce chiffre étant largement inférieur à ceux annoncés -officiellement ou officieusement -, est appelé à augmenter, suite aux efforts déployés par les membres de l'UNHCR et ses partenaires dans la diffusion de différentes informations relatives aux procédures de demandes d'asile auprès de l'Organisation. -Que représentent-ils par rapport à leurs ressortissants qui ont fui vers d'autres pays comme la Turquie, la Jordanie et le Liban ? Les Syriens en Algérie représentent une minorité comparativement à ceux qui ont choisi les pays frontaliers. La proximité géographique, les coûts du voyage peu élevés, les liens culturels, la capacité d'accueil dispensée par les gouvernements ou les populations, sont à l'origine de cette situation. Plusieurs raisons peuvent, en outre, expliquer le choix de ceux qui sont présents en Algérie et notamment la stabilité politique et économique ainsi que le rapprochement historique avec la Syrie. Les Syriens, quelle que soit leur destination, doivent bénéficier d'un traitement humanitaire répondant aux normes établies par le droit International et les droits de l'homme. -Sont-ils concernés par le statut de réfugié ou de demandeur d'asile ? La demande d'asile auprès de l'UNHCR doit être formulée d'une manière personnelle et volontaire. L'UNHCR a déployé les moyens nécessaires pour accueillir et enregistrer les demandes d'asile de tous ceux qui en sont dépositaires. -Dans le cas où le pays d'accueil refuse de les accepter sur son sol en tant que réfugiés, que fera le HCR ? L'Algérie, ayant ratifié la convention de 1951, son protocole de 1967, et la Convention de l'UOA de 1969, fait partie des pays qui acceptent d'accueillir les réfugiés reconnus aux termes des différentes conventions sus-mentionnées. L'Algérie a une longue tradition dans la protection des demandeurs d'asile et des réfugiés. Le HCR est en contact avec les autorités algériennes afin d'assurer que les Syriens qui ont fui la situation actuelle en Syrie et qui ont approché les autorités ou le HCR soient enregistrés et bénéficient d'une protection internationale adéquate. Cette protection doit garantir le respect de la dignité des individus concernés et des standards humanitaires essentiels, à savoir : l'accès au territoire et à la sécurité, la protection contre le refoulement, l'accès aux besoins élémentaires tels que : un logement convenable avec installations sanitaires appropriées, la nourriture, les soins médicaux et l'enseignement primaire ainsi que l'obtention de documents d'identité, le respect de l'unité familiale et notamment une protection spéciale pour les enfants, en particulier ceux non accompagnés / séparés, y compris dans la recherche de leur famille et enfin le respect des principes de non-discrimination et la liberté de mouvement. En outre, il est nécessaire de répondre aux besoins psychologiques et autres besoins de protection des cas et groupes vulnérables tels que les victimes de tortures, de traumatisme ou de violence sexuelle. Le HCR, en coopération avec ses partenaires et d'autres agences du Système des Nations unies en Algérie, évaluent les besoins de protection des Syriens sur le territoire algérien pour assurer une assistance appropriée.