Selon la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA), environ 53% du territoire des Etats-Unis, en particulier dans le Midwest et l'Ouest, ont été frappés en juin par la sécheresse. Ce taux est le plus fort observé dans le pays depuis 1956. Au niveau mondial, la production de blé chuterait de 2,5 millions de tonnes pour une production globale de 662,8 millions de tonnes, a indiqué l'USDA dans son rapport mensuel sur l'offre et la demande. La prochaine récolte américaine de maïs et de soja sera la plus faible depuis 2006. Et la sécheresse – la plus sévère depuis 1956 – a notamment fait grimper les prix du maïs de 23% en juillet qui, depuis trois mois a fait un bond de 29%. Cette situation, qui n'est pas nouvelle, a déjà été largement intégrée par les marchés, ce qui explique en partie la hausse des cours observée ces dernières semaines. L'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) avait demandé une suspension de la production de bioéthanol fabriqué à partir du maÏs. La sécheresse aux Etats-Unis mais aussi en Russie provoque de fortes hausses des prix du blé, du maïs, du soja et du colza. Si les céréaliers en profitent, les éleveurs et les consommateurs seront les premières victimes de ces augmentations. Le prix de la baguette de pain dans le Lot dépend des récoltes aux Etats-Unis et en Russie ! C'est le douloureux constat que vient de nous rappeler la FAO. L'Organisation mondiale pour l'alimentation et l'agriculture des Nations unies a en effet révélé que les prix alimentaires mondiaux ont grimpé de 6% rien que pour le mois de juillet. Même si, avec un indice de 213 points l'indice de la FAO n'est pas encore à son niveau record de 2011, le mouvement de hausse est bien entamé. Les projections de récolte font craindre une chute d'un tiers de la production par rapport aux prévisions. L'agriculture américaine ne mettra donc sur le marché que 10 millions de tonnes de maïs au lieu de 40 millions d'ordinaire. La sécheresse russe provoque la division par deux des quotas à l'export soit 12 millions de tonnes au lieu de 24. Les pays riches craignent, eux, l'apparition d'une spirale vicieuse pouvant aboutir à des fermetures de marchés et l'instauration de «quotas d'exportation». Ce qui aggraverait encore davantage la situation globale des quantités et des prix et pourrait, spéculation aidant, avoir «un impact humain colossal», comme le laissait entendre le directeur général de la FAO. Inquiétudes Conséquence directe : les cours mondiaux flambent déjà. Celui du blé de 41% alors que le soja s'apprécie de 17%. Le département américain de l'Agriculture a aussi publié ses prévisions de prix au détail à la hausse pour 2013. Ils font déjà apparaître un impact de l'actuelle sécheresse : les consommateurs pourraient payer l'an prochain leurs provisions 3 à 4% plus cher. La situation est différente en France. En effet, selon FranceAgriMer du ministère de l'Agriculture, les rendements de blé seront au plus haut cette année grâce aux pluies de début juillet. Les rendements de la campagne 2012-2013 vont bondir à 74 quintaux à l'hectare contre 68 l'an dernier. Dans ce contexte, les céréaliers français et ceux de toute l'Europe de l'Ouest devraient tirer leur épingle du jeu. La société de conseil Agritel n'exclut pas que le blé revienne à son plafond historique de 300 euros la tonne atteint en 2007. Aujourd'hui, elle coûte 245 euros. Dans ce contexte, la FAO espère que la spéculation ne fera pas encore monter artificiellement les cours des céréales. Afin d'éviter une crise alimentaire majeure, la FAO a demandé aux Etats-Unis de suspendre leur législation qui impose des quotas de bioéthanol dans les carburants. Ce carburant, à base de maïs ou de colza, est accusé de faire monter les prix des denrées alimentaires. L'idée est d'utiliser l'intégralité des récoltes à des fins alimentaires. Au nom de l'indépendance énergétique, la législation américaine vise à affecter 40% de la production de maïs pour la production de biocarburant. Toutefois, une telle suspension ne suffirait pas à enrayer la hausse car les raffineurs sont obligés d'intégrer de l'éthanol dans leur carburant afin de respecter les normes antipollution. Quoi qu'il arrive en matière d'aléas climatiques, la tendance de fond est à des prix agricoles en hausse. Un rapport conjoint de la FAO et de l'OCDE prévient que pour les prochaines décennies, c'est «l'effet d'une demande ferme et d'un ralentissement de croissance de la production agricole mondiale» qui pèsera sur les marchés des produits alimentaires. Nos agriculteurs sont de plus en plus assis sur l'or vert L'OAIC a pour mission l'organisation du marché des céréales, l'approvisionnement, la régulation, la stabilisation des prix et l'appui à la production. Cet organisme doit : – Veiller à la disponibilité suffisante et à tout moment des céréales et dérivés. – Réaliser le programme national d'importation de céréales dans les meilleures conditions de prix, de coût, de qualité et de délai. – Organiser la collecte de la production nationale des céréales et la livraison des intrants aux céréaliculteurs. – Gérer et mettre en œuvre pour le compte de l'Etat l'ensemble des actions d'appui à la production de céréales. – Stimuler la production nationale de céréales et dérivés au moyen de mécanismes financiers et/ou d'intervention directe. Il faut reconnaître le rôle important de l'OAIC car aucun opérateur économique privé n'est en mesure d'acheter aux prix actuels ni aux prix à venir. Le problème, en plus d'être quantitatif, demeure essentiellement qualitatif. Je tiens toutefois à souligner que les derniers achats effectués par l'OAIC confirment la clairvoyance et le sens des responsabilités des dirigeants de ce secteur qui, à mon humble avis, est plutôt rassurant en termes de gestion de stocks de sécurité, et ce, malgré la campagne record qui a été menée avec brio par nos producteurs.