Aimer, c'est savoir dire je t'aime sans parler », dit un proverbe anonyme. Et c'est certainement ce que Ammar Bouras a fait de mieux dans les œuvres qu'il expose actuellement à la galerie Esma. L'exposition, intitulée « L'être d'amour », sue la passion, l'ivresse, la dévotion. Sans ménagement et sans imposture : « L'être d'amour » ou lettre d'amour ? Peut-être les deux. L'artiste photographe, membre du groupe de plasticiens Essebaghine, livre l'amour avec les mots autant qu'avec les images : avec son objectif, il capte des bribes de réalité auxquelles il donne sa propre perception. Et en plus de l'intervention de l'encre et de la peinture, des fragments de phrases, tels des billets d'amour, flânent ici et là sur les toiles : une calligraphie non identifiée, tel un code, une langue ancienne ou simplement de la poésie. L'amour a son propre langage. Il suffit de contempler l'une des 38 œuvres pour en voir l'ombre. Ou la silhouette. Les toiles sont quasiment toutes en noir et blanc, certaines éclaboussées de couleurs vives et acidulées. Le dénominateur commun est la vie qui les habite. L'une des techniques préférées de Ammar Bouras est de poser son modèle sur du papier photosensible, dans le noir, puis de passer une torche autour de la silhouette. Souvent ne subsiste qu'un détail de son modèle ou une position à peine perceptible du corps. Le résultat est surprenant, magique. Autant que cet artiste sensible mais énigmatique. Les titres de ses œuvres en attestent : Adam et Eve, Jeux interdits, Lettre d'amour, Nuit de noces, Le baiser, La tarhal ya rafiki (ne pars pas mon compagnon)... Autant de titres révélateurs et suggestifs. D'autant que le vernissage de « L'être d'amour » s'est tenu à la veille de la Saint Valentin, la fête des amoureux. Simple hasard ou coïncidence ? Probablement, un peu des deux... Ammar Bouras Exposition « L'être d'amour » Galerie Esma, jusqu'au 7 mars