San Francisco ! On aime l'affubler affectueusement : San Fran ! Ou encore SF ! Mais ses habitants révulsent l'appellation «Frisco». Car péjorative. Aux Etats-Unis, San Francisco, c'est la «rivale» de New York. L'analogie East-Coast/West-Coast. Les atouts, pour ne pas dire les atours «nageurs» de San Francisco : c'est la ville de Twitter, Bloomberg, de Sean Penn, Carlos Santana, cinéma, MC Hammer, de la pop-music, la littérature de Kerouac, la tolérance, des gays… Elle a été célébrée par Otis Redding, Scott McKenzie, les Village People, Tony Benett ou encore actuellement, avec le groupe Train. Elle est connue aussi pour la fraîcheur de ses fruits de mer (fresh seafood). Si vous allez à San Francisco, l'Indian Summer (l'été indien) est une bonne période. Celle de septembre-octobre, où il fait généralement 28°. Une météo plutôt méditerranéenne. Et, de surcroît, on se croirait à Alger. Car San Francisco est une cité insulaire avec des hauteurs surplombant sa merveilleuse baie, plus communément appelée Bay Area. Un ange passe, Otis Redding Et là, le visiteur suivra à la lettre les paroles de la fameuse chanson rendant hommage à la baie de San Francisco, Sittin'On The Dock Of The Bay interprétée par le soulman, Otis Redding et coécrite avec Steve Cropper.C'est un voyage immobile, océanique et onirique. «Assis au soleil du matin/ regarder passer les navires/ perdre du temps/ Assis au dock de la baie/ J'ai quitté ma maison de Georgie/ A destination de la baie de Frisco ( San Francisco)…». San Francisco est un port… d'attache ! Très attachant, quoi ! Parmi les musts de San Francisco, le Golden Gate Bridge (pont de la porte d'or), «une merveille» typique locale. Un pont suspendu de 2,7 km de longueur, reliant San Francisco à la «Rivierra californienne», Sausalita. Chaque année, en moyenne, 36 suicides y sont enregistrés depuis le Golden Gate. Seulement trois personnes ont survécu depuis son inauguration en 1937. Painted Ladies, c'est une dénomination poétique des maisons à l'architecture victorienne. Vous connaissez déjà ! Ce sont les maisons à côté du Alamo Square sur les hauteurs de San Francisco, montrées dans le générique de la série TV Full House avec John Stamos, tournée à San Francisco. Les couleurs chatoyantes des Painted Ladies sont inspirées par le fameux Power Flower et l'époque psychédélique des années 1960. Les Painted Ladies surplombent le quartier financier, près de Kearny Street( Chainatown). L'île d'Alcatraz, (Alcatraz Island), est située dans la baie de San Francisco, à 2,4 km (1,5 mile) de la côte de San Francisco. Célèbre pénitencier fédéral de haute sécurité (1934-1963) où fut incarcéré le grand gangster Al Capone (1934-1939). L'île est rendue célèbre aussi par le film L'évadé d'Alcatraz, avec Clint Eastwood, retraçant l'évasion de Frank Morris et des frères John et Clarence Anglin. Castro, un village «très people» Castro! Liberté, liberté dans l'air/ Rechreche du trésor, du plaisir…/ Cuir, cuir, motos, motos, baby/ Habille-toi comme tu veux et mets ton esprit à l'aise/ C'est une ville qui est connue pour sa liberté/ San Francisco, une ville, côté, baie/ Disco, disco party !…San Francisco, j'aime ! Cela n'a aucun rapport avec le Lider Maximo, Fidel Castro (Cuba). Il s'agit de paroles de la chanson intitulée San Francisco du fameux groupe Village People (YMCA), sortie en 1982, en hommage à Castro, quartier gay et lesbien, à la musique disco et à San Francisco, ville de la tolérance. Castro est un passage obligé pour les touristes du monde entier. Kearny Street, le cœur qui bat la mesure et la chamade de la Chine. Chinatown ! Un quartier, contrairement à ce qu'on croit, est très accueillant et hospitalier. Tout est «bargain», ici, à Chinatown. Vous pouvez manger, marchander et faire des «affaires» à meilleur marché. Et puis, il y a des parcs où l'on joue aux échecs et dominos et où l'on s'adonne au tai tchi chuan, l'expression corporelle «zen made in China». Le film culte La dame de Shangai, avec Orson Welles et Rita Hayworth, a été tourné en partie à Chinatown (1948). Vintage Haight Ashbury Visitant et découvrant le mythique quartier de music pop et du «Power Flower» soixante-huitard de Haight Ashbury à San Francisco(Californie, USA), on ne peut que succomber au péché mignon discographique. Celui du vintage ! Chiner dans les boutiques à la recherche d'anciens LPs, albums vinyles des 60's et 70's au son fidèle. Aussi, suis-je tombé sur l'album vinyle Are You Experienced de The Jimi Hendrix Experience où figurent les fameux Hey Joe, Purple Haze, Foxy Lady, ou encore The Wind Cries Mary. Un beau 33 tours. Le premier opus d'estime, de respect et de déférence d'un génie, une légende, un extraterrestre. Jimi Hendrix, le guitar hero de tous les temps et ses seconds couteaux, le batteur Mitch Mitchel et Noel Redding, à la guitare basse (et vocale aussi). Montant à bord d'un taxi local, le chauffeur remarqua l'album de Jimi Hendrix : Amoeba ! hein ! Amoeba est un label musical très célèbre à travers les Etats-Unis et typique à SF (entendre San Francisco)- une sorte de grande surface du vinyle et du CD. En prime, c'est «clearance» (meilleur marché). Le taxi driver s'appelle Joshua. Il dépasserait les 66 ans. Il était ravi de voir quelqu'un, plus jeune que lui, étranger de surcroît, s'intéresser à la musique pop et surtout de Jimi Hendrix. Un LP datant de plus de 40 ans (mais quand même pas de l'an 40 !). Taxi Blues Aussi, de Haight Ashbury à Chinatown, la discussion – sur un fond de jazz diffusé sur la station thématique FM locale – porta essentiellement sur Jimi Hendrix, les riffs, les guitar heroes, la musique world… «Vous savez, je garde un souvenir inoubliable et indélébile de Jimi Hendrix. Il a chanté, ici, à l'époque (dans les années 1960). C'était magique ! Ils ont excellemment joué, Mitch Mitchel, Noël Redding et Jimi Hendrix. C'était le plus beau moment de ma vie. Je n'ai jamais vu quelque chose d'aussi beau de toute ma vie. C'était magique…», se souviendra Joshua, un fan de la première heure. Un ange passe. On embrayera sur les virtuoses des six cordes. Mon name dropping ravira encore une fois Joshua : Eric Clapton, Carlos Santana, le «hometowner» (enfant de la balle de San Francisco), John Lee Hooker, B.B.King, Chet Atkins, Bo Didley, Budy Guy, Steve Ray Vaughn, Albert King, Joe Satriani, Steve Vai, Steve Lukather, Eddy Van Halen, Steve Cropper et son alter ego, un certain Otis Redding, l'auteur mythique de L'hymne local, pour ne pas dire, l'ode à San Francisco, Sittin'n On The Dock Of The Bay. Au fil de cet échange mélomane electro, Joshua m'apprendra qu'il connaissait la musique du Maghreb. Celle des Gnawas et des musiques sacrées du Maroc. Et qu'il avait même des CD des Gnawa. Je lui apprendrai que le grand jazzman américain, Archie Chepp, était venu en Algérie lors du Festival panafricain de 1969, à Alger. Et où il avait fait un «bœuf» (participation) avec des troupes folkloriques et de diwan. Et que Randy Weston avait évolué avec les Gnawas marocains (d'autres suivront comme Robert Plant et Jimmy Page de Led Zeppelin dans les années 1990). Villanova Junction Joshua me demandera quel morceau de Jimi Hendrix j'aimais. Villanova Junction fut aussitôt ma réponse. Pourquoi ? Parce que c'est un titre où Jimi décline un jeu de guitare unique. Une tablature entre soupir et zéphyr, et ce, en plusieurs modes, notamment gypsy et contre toute attente…oriental-andalou (quart de ton et mode sahli). C'est sûr, à San Francisco les gens sont «laid back», cool quoi ! Comme l'atteste la fameuse chanson éponyme de Scott McKenzie, en 1967, à l'époque du Power Flower pacifiste : Si tu vas à San Francisco/ tu vas rencontrer des gens sympathiques, là-bas/Dans toute la nation, quelle vibration…Le gens sont en mouvement. Et comme dirait le crooner Tony Bennett : I Left My Heart In San Francisco (J'ai laissé mon cœur à San Francisco).