Et pas des moindres ! Ils ont été arrêtés, indique la même source, le 15 août dernier au niveau d'un barrage dressé par les forces de sécurité, précisément par les forces spéciales de l'Armée populaire nationale (ANP), à l'entrée de Berriane aux portes de la ville de Ghardaïa. Parmi eux, le chef de la «commission juridique», exégète de l'organisation terroriste et membre de son «conseil des notables», Necib Tayeb alias Abderrahmane Abou Ishak Essoufi. Il a rejoint le maquis terroriste au début des années 1990, en intégrant les rangs du sinistre Groupe islamique armé (GIA), avant de passer au Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), une organisation terroriste créée par Hassan Hattab au statut équivoque d'assigné à résidence et qui a prêté allégeance en 2004 à la nébuleuse Al Qaîda. Essoufi est un des émirs les plus proches du chef d'AQMI, Abdelmalek Droukdel alias Abou Moussaab Abdelwadoud, pour avoir fait le même parcours que lui. Les deux ont activé longtemps dans les rangs du GIA avant de rejoindre le GSPC. L'exégète de l'organisation terroriste, précise l'APS citant des sources bien informées, est recherché depuis 1995. C'est à bord d'un véhicule tout-terrain (4×4) qu'il a été, selon l'agence officielle, arrêté en compagnie de deux de ses acolytes à l'entrée de la vallée du M'zab alors qu'ils se dirigeaient vers la zone du Sahel. Trois pistolets automatiques ainsi qu'une documentation importante ont été récupérés lors de cette opération d'envergure. Selon les mêmes informations rapportées par l'APS, le déplacement de ce chef terroriste s'inscrit dans le cadre d'une mission d'«une grande importance» pour l'organisation terroriste. Necib Tayeb, surnommé Essoufi, était en fait l'émissaire de l'émir d'AQMI, Abdelmalek Droukdel. Il a été chargé, indiquent les mêmes sources, de «réunir» les émirs du Sahel, à l'instar de Mokhtar Belmokhtar, Abdelhamid Abou Zeid et Nabil Abou Alkama. Objectif : régler les différends qui existent entre ces derniers et surtout les problèmes qui les opposent à Abdelmalek Droukdel. Autrement dit, aplanir les divergences entre les responsables terroristes du Nord et ceux de la filière du Sahel. Rien n'a encore filtré sur la nature de cette opposition. Mais certains spécialistes de l'organisation terroriste évoquent, déjà depuis longtemps, l'existence d'une guerre de leadership et une lutte de suprématie entre l'émir d'AQMI et ses sous-traitants dans le Sahel. La filière sahélienne a pris tellement d'envergure, en disputant des territoires entiers à des Etats – le cas du Mali où les groupes terroristes occupent une partie de ce pays –, que ses chefs ont pris le dessus et effacé l'émir Abou Moussaab Abdelwadoud coincé au nord entre les tenailles des services de sécurité qui ont infligé à ses sbires d'énormes pertes. L'évolution de la situation au Sahel suite à la crise libyenne, approvisionnement en armement et en financement à travers la très lucrative activité de la prise d'otages, donc les armes et l'argent, ont donné à Mokhtar Belmokhtar et Abou Zeid «un pouvoir et une présence» qui vraisemblablement étouffent leur chef au Nord. Ce serait pour cela que Abdelmalek Droukdel, qui avait perdu presque tous ses bras droits éliminés par les services de sécurité, a porté son choix sur l'un de ses derniers proches acolytes, Necib Tayeb dit Essoufi pour tenter de rétablir une autorité chancelante auprès des chefs terroristes du Sahel. L'arrestation de son émissaire par les forces spéciales de l'ANP est un autre coup dur porté à Al Qaîda au Maghreb islamique.