L'association pour la sauvegarde et la promotion de l'environnement de la wilaya de Tlemcen (Aspewit) tire la sonnette d'alarme. « Depuis sa création, l'Aspewit a eu à constater plusieurs atteintes à l'environnement », déclare Bouayed Morsli. Ciblant les sites victimes, M. Bouayed désigne d'un doigt accusateur l'implantation d'une zone industrielle sur des terres irriguées, au-dessus d'une nappe importante d'eau et à proximité de la ville. « Des unités polluantes et dangereuses, à l'image de Naftal et l'ENTC, ont fait leur apparition ; citons le centre enfûteur avec tous les risques éventuels pour l'agglomération. » Mais, comme le déplacement de ce centre mal implanté nécessite des sommes colossales, M. Bouayed recommande de « prohiber la circulation à l'intérieur de la zone, sauf pour les personnes qui y exercent. » Dans le même contexte, notre interlocuteur suggère la suspension des activités des salles de fêtes, « sachant que l'utilisation des pétards peuvent porter un grave préjudice à toute la région en cas d'incendie. » L'Aspewit signale également le cas de Remchi où existe un centre d'emmagasinement de carburants en milieu urbain. « D'ailleurs, en plus des dangers, il a été la cause de la pollution de certains puits creusés à sa périphérie (infiltration de carburants dans la nappe d'eau). Pour rappel, dans les années 1990, deux personnes d'une même famille sont décédées à proximité du dépôt de carburants, sur la route des cascades. L'enquête avait alors révélé que la cause des décès est une asphyxie due à l'inhalation de gaz toxique infiltré à l'intérieur du puits. Le plus grave : des « constructions licites ou illicites ont été réalisées par mégarde ou inconscience sur des pipelines (CEM Ouzidane) ou sur des conduites de gaz, d'où la nécessité de dévier la conduite du pipeline », continue-t-il. Un autre risque est évoqué par M. Bouayed : c'est l'importation de rond à béton à partir de l'Ukraine, qui serait « contaminé par les radiations et utilisé dans la construction des édifices publics et privés dans notre wilaya. » Plus précis, notre interlocuteur vise le « biomédical dont le toit est à base de matériaux d'amiante. » Des huiles Askarels stockées dans des lieux inadaptés L'Aspewit dénonce également le stockage des huiles Askarels dans des lieux inadaptés, ce qui a causé le décès d'une personne par les effets de la dioxine à Tlemcen, ainsi que les antennes de la téléphonie mobile installées à l'intérieur des agglomérations, souvent sur les toits des maisons. « Une étude menée en Espagne par des médecins spécialisés en 2002 a déterminé que les effets de la téléphonie mobile sont les causes de l'altération de la santé de la population de la ville et provoquent plusieurs maladies graves et chroniques : troubles de la tension artérielle, troubles cardiaques, cancer... » A Ghazaouet, l'installation de l'usine de zinc, avec ses rejets d'acide sulfurique et ses gaz toxiques, est un véritable danger pour les autochtones. A Maghnia, la maïserie, avec ses rejets déversés dans l'oued Ouerdefou avant la parution de la loi sur l'environnement, est la causes de la pollution de la région... », atteste-t-il. « Quant aux défrichements des zones de parcours de la steppe, dans la partie sud de la wilaya, ils constituent une sérieuse menace d'une catastrophe naturelle sans précédent pour l'environnement dans la wilaya. » Pour l'exemple, M. Bouayed cite les incendies de forêts sur de vastes superficies, notamment au cours de l'année 2004, pendant les canicules de l'été et de l'automne : la déforestation en est la cause, entre autres. « Le constat est tellement inquiétant dans la wilaya de Tlemcen que seules une prise de conscience et une prise en charge sérieuse des questions de l'environnement peuvent éviter des catastrophes tragiques... », conclut notre interlocuteur.