Dans son rapport final, rendu public dimanche dernier, le National Democratic Institute (NDI) souligne ainsi quelques failles qui auraient facilité la pratique de la fraude. Ces lacunes et manquements ont été détectés à divers niveaux institutionnels, du cadre législatif, logistique ou encore de la surveillance officielle et indépendante. «Un manque de clarté sur les rôles des commissions de surveillance et de supervision, des doutes sur l'exactitude des listes électorales et le refus des autorités d'accréditer des observateurs citoyens indépendants ont jeté le doute», analyse l'organisme indépendant américain, d'autant plus que la délégation d'observation du NDI était «limitée», et ce, en sus de moult entraves qu'a rencontrées cette délégation dans ses déplacements. «Les actions des forces de sécurité ont empiété à plusieurs reprises sur les opérations des représentants du NDI, ce qui a pu intimider les personnes rencontrées et gêner la capacité des observateurs à recueillir librement les informations», déplore le NDI. Des défaillances ont ainsi été constatées tout au long du processus électoral. «La confusion sur les procédures de vote de la part du personnel mobilisé pour le scrutin et des électeurs a parfois conduit à des troubles. L'application non homogène de la réglementation a entraîné une confusion supplémentaire pendant le dépouillement et la consolidation des résultats», rapporte le NDI. «Complexité et confusion des procédures» Le cadre électoral n'est d'ailleurs pas exempt de critiques. «Le choix de renoncer à une approche participative renforce la perception du public que, malgré les affirmations officielles au sujet d'une nouvelle ère de transparence et d'inclusion, la prise de décision continue à avoir lieu à huis clos. La complexité et le manque de transparence dans le processus de répartition des sièges peuvent avoir contribué à créer des malentendus et des soupçons parmi les partis et les citoyens à l'annonce des résultats des élections», énumère le rapport. Les partis politiques en lice ainsi que les observateurs indépendants ou militants dépêchés dans les bureaux de vote n'ont pas, selon les conclusions du NDI, rempli au mieux leur tâche de surveillance. Les représentants des partis étaient rarement plus de deux, hormis pour le FLN, le RND ou l'AAV, qui étaient majoritairement plus présents. Les niveaux de capacité, de préparation et d'attachement de ces représentants à leurs partis variaient. «Certains agents des partis étaient même incapables de citer le nom du parti qu'ils représentaient», relate-t-on dans le rapport. «Comme ce fut le cas avec le vote, les procédures précises de dépouillement ont souvent dévié de la réglementation officielle et variaient d'un bureau de vote à un autre. Dans certains cas, les membres du bureau de vote ont demandé l'assistance des représentants des partis politiques les plus informés sur le dépouillement des bulletins de vote et le remplissage des copies multiples des procès-verbaux détaillés», insiste le NDI. Dans un centre de dépouillement au niveau communal à Alger, par exemple, les observateurs du NDI ont remarqué que ceux des partis «n'ont rien dit quand, à la fin du dépouillement, le magistrat président et deux représentants du ministère de l'Intérieur ont quitté le centre de dépouillement pour s'enfermer dans une chambre séparée pendant plusieurs heures avant de sortir avec le PV final». «Il est particulièrement regrettable que les représentants des partis n'aient pas été vigilants sur ce point, puisque les actions des fonctionnaires ressemblaient étroitement à celles qui, selon de nombreux citoyens, ont facilité la fraude lors des élections précédentes», concluent les observateurs du NDI.