L'Institut national démocratique (NDI), une organisation non partisane et non gouvernementale américaine, a rendu public hier son rapport final sur les élections législatives du 10 mai dernier. Faut-il rappeler que le NDI, à l'invitation du gouvernement algérien, a envoyé une délégation d'évaluation préélectorale du 31 mars au 5 avril et une délégation de sept observateurs internationaux pour observer la période préélectorale, la campagne électorale, le jour du scrutin et la période post-électorale. Dans son rapport final, le NDI, même s'il reconnaît l'existence d'une volonté de la part du pouvoir pour l'organisation des élections plus transparentes et participatives, relève en outre certains points noirs qui ont jeté le doute sur le nouvel esprit de réforme ; il s'agit notamment du manque de clarté sur les rôles des commissions de surveillance et de supervision, ainsi que des doutes sur l'exactitude des listes électorales et le refus des autorités d'accréditer des observateurs citoyens. De nombreux Algériens, note cet organisme, ont souhaité que ce processus électoral serve à lancer une réforme plus fondamentale du système politique en l'Algérie, mais au cours de ce processus, ils sont devenus plus sceptiques. Parallèlement à cela, les observateurs du NDI ont constaté une campagne sans enthousiasme des partis et un engagement faible des électeurs. Toutefois, ils estiment que le scrutin s'est déroulé dans le calme et dans une ambiance relativement paisible, avec le matériel de vote et le personnel nécessaires en place. Seulement, le même rapport a noté un faible taux de participation dans de nombreuses régions, en particulier chez les jeunes électeurs, tout en constatant une confusion sur les procédures de vote de la part du personnel mobilisé et des électeurs ayant conduit parfois à des troubles. L'application non homogène de la réglementation a entraîné une confusion supplémentaire pendant le dépouillement et la consolidation des résultats. L'ambiguïté réside également dans l'annonce des résultats. Selon le NDI, les autorités ont annoncé un taux de participation final de 43,1%, alors que 18,2% des bulletins de vote ont été jugés non valides, une indication d'un vote de protestation importante. En se basant sur les observations de sa délégation et dans un esprit de coopération internationale, le NDI propose une série de recommandations dans le but d'aider à améliorer les futurs processus électoraux. A l'adresse du gouvernement et aux dirigeants algériens, le NDI suggère la mise en place d'une commission électorale indépendante, appuyée par des commissions de surveillance et de supervision permanentes ayant le pouvoir d'examiner et de recommander des améliorations au processus électoral, et soutenir l'engagement du public dans les processus de prise de décisions politiques, en particulier dans le processus de réforme constitutionnelle à venir. A l'endroit des autorités électorales, le NDI propose l'élaboration de procédures pour l'accréditation des observateurs citoyens, indépendants, pour observer les futurs processus électoraux, maintenir un environnement électoral sécurisé sans compromettre la capacité des partis politiques, accroître l'accès des formations politiques et des citoyens aux fichiers électoraux et permettre une vérification indépendante et complète des listes. Le NDI propose, par contre, aux partis politiques d'améliorer la communication avec les jeunes, de soutenir les élues femmes et de développer des plateformes de partis qui répondent aux aspirations des électeurs. Aux organisations de la société civile, l'ONG américaine demande de sensibiliser les électeurs et encourager le débat public, afin de faciliter la participation du public lors des prochaines échéances.