Il est évident qu'il devient malaisé de faire déguerpir des squatters des endroits d'intérêt commun, après que ces derniers les eurent conquis pendant des lustres sous le regard passif des édiles. Ne dit-on pas que l'usage se transforme en loi et finit, bien entendu, par donner «raison» aux indus occupants ? Il y a une dizaine d'années, le premier responsable de la wilaya faisait état d'une centaine de marchés illicites à travers la capitale qu'il fallait illico presto éradiquer. A présent, on enregistre le chiffre effarant de 200 poches de cette activité commerciale. «Plus de 5000 vendeurs ambulants activent dans la capitale, alors que le nombre de marchés informels avoisine les 200», selon une source de la direction du commerce de la wilaya d'Alger. A croire que plus on parle d'éradication de cette activité parallèle qui échappe au Trésor public, plus elle gonfle au fil des ans. Cela, sans compter la nuisance acoustique que génère ce négoce de la rue aux riverains. Un réceptacle d'insécurité où les délinquants trouvent leur compte en imposant leur diktat, au moment où d'autres revendeurs ambulants, profitant de l'absence de contrôle, exposent des produits avariés sans coup férir. On tente de ménager le chou et la chèvre : ne pas brutaliser les vendeurs squatters sommés de débarrasser le plancher, tout en leur promettant l'ouverture imminente de marchés de proximité d'une part, et rassurer d'autre part les riverains et commerçants légaux de mettre fin à cette anarchie. Mais la puissance publique va-t-elle, cette fois-ci, se donner les moyens de sa politique pour insérer ce marché illicite dans un circuit commercial légal ? L'ouverture du marché de proximité de Zoudj Ayoûn n'a, en tout cas, pas résolu le problème du squat de la rue Bouzrina. Le négoce le long de ladite voie reprend de plus belle, engorgeant toutes les issues. Ce n'est pas moins faux aussi pour les abords du marché de Bab El Oued où certaines rues de circulation automobile sont carrément devenues – c'est le cas de le dire – piétonnes. Quant aux récalcitrants de la rue Ali Amar (ex-Randon), c'est une autre histoire. Les petits nababs qu'alimentent les barons des produits pyrotechniques, cigarettes et autres fripes restent indétrônables, dans un espace public dont chaque empan se négocie à coup de dizaines de millions…