Le président du directoire de la Société nationale des tabacs et allumettes (SNTA) dément une quelconque augmentation des prix du tabac. Dans un entretien accordé à El Watan, Ahmed Madjour affirme que son entreprise applique le même barème des prix sur toute sa gamme des produits depuis 2004. A en croire ce dirigeant de la SNTA, ces hausses importantes des prix sont l'objet de spéculation de quelques revendeurs après les rumeurs relatives à une éventuelle augmentation prévue dans la loi de finances 2010. « Supposons que le prix du paquet de 20 cigarettes à la sortie d'usine est d'environ 70 DA, on le trouve normalement chez les buralistes à des prix variant entre 80 et 100 DA, voire plus, selon la disponibilité de la marque. Ce sont des marges qu'ils s'accordent eux-mêmes », nous explique M. Madjour. Abordant la loi de finances 2010, notre interlocuteur précise : « L'Etat n'a aucun rôle dans la fixation des prix du tabac. Il peut seulement définir une augmentation des taxes, mais comme à ce jour rien n'a encore été notifié à l'entreprise par la direction générale des impôts, cela suppose qu'il n'y aura pas d'augmentation et que les mêmes taxes seront reconduites pour l'année prochaine. Et si l'augmentation aura lieu, nous n'avons qu'à nous soumettre aux décisions du gouvernement ». Dans ce contexte économique national dominé par la crise financière mondiale qui a tiré la rente pétrolière algérienne à la baisse et l'agitation qui ronge les entreprises nationales publiques et privées après les nouvelles mesures prises dans la LFC 2009, la SNTA se distingue par une bonne, voire une excellente santé financière. Selon ses dirigeants, elle est quasiment le deuxième pourvoyeur de fiscalité après Sonatrach. « La valeur des taxes imposées aux différents produits de la SNTA par les services des impôts prouve que l'activité de l'entreprise est vraiment créatrice de richesses. En 2008 par exemple, nous avons versé 38 milliards de dinars au Trésor public au titre de recettes fiscales », nous explique le président du directoire de cette entreprise publique. Quoique l'entreprise ne satisfait que près de 70% de la demande du marché national en cigarettes, elle a commercialisé en 2008 pas moins de 850 millions de paquets de cigarettes, toutes marques confondues. Ce qui lui vaut un bénéfice net de 9 milliards de dinars. « Notre chiffre d'affaires hors taxes a atteint 21,3 milliards de dinars en 2008. Une petite baisse de rentabilité est enregistrée par rapport aux années précédentes due essentiellement à la réduction de la production », nous confie M. Madjour. Au sujet de la privatisation de la SNTA, Ahmed Madjour déclare que « juste après la prise de ladite décision d'ouvrir le capital de l'entreprise, nous avons entamé des négociations avec quelques groupes intéressés qui n'ont pas abouti. Depuis, il n'y a rien de nouveau, nous continuons à produire en tant que société 100% publique ». En revanche, les responsables de la SNTA souhaitent qu'on prenne la décision finale concernant la privatisation ou non de l'entreprise pour pouvoir concevoir une politique de développement et de renouvellement de ses équipements afin d'améliorer ses performances. Selon le président du directoire de l'entreprise, « la SNTA n'est pas concernée par la mise à niveau des entreprises publiques par le gouvernement. Nous n'avons reçu aucune aide ou subvention de l'Etat, d'ailleurs, nous n'en avons pas besoin ». D'après la même source, l'entreprise n'a pas de problème de marché mais un problème de production à cause des vieilles machines. La SNTA a inscrit dans son plan de développement le renouvellement des équipements mais tant que son sort n'est pas encore déterminé, le directoire ne peut pas s'engager pour un quelconque investissement. Sur un autre volet, M. Madjour nie le fait que l'Algérie importe les allumettes de l'étranger. La production de La SNTA en la matière est estimée à près de 50 millions de boîtes par an, ce qui couvre complètement le marché national. Par contre, on importe la matière première environ 20 000 tonnes annuellement à cause de la production locale très faible du tabac qui ne dépasse pas les 500 tonnes. « Pour 2008, nous avons importé 16 000 tonnes de tabac brut et près de 3000 tonnes de tabac à priser et à mâcher. Soit 5 milliards de dinars comme facture d'importation de la matière première », nous a précisé le président du staff directeur de ladite entreprise publique. L'un des plus importants challenges du directoire de cette société est une délocalisation de ses usines installées essentiellement dans des zones urbaines vers des zones industrielles telles qu'imposée par le gouvernement. Néanmoins, la SNTA vise toujours la qualité du produit proposé à la clientèle.