Le tabac à chiquer, «chemma», sème la panique dans l'est du pays et suscite une vive polémique. En effet, l'Association de protection du consommateur de la ville de Constantine n'a pas hésité à tirer à boulets rouges sur la Société nationale de tabacs et allumettes (SNTA), laquelle est accusée de commercialiser un produit «défaillant» et «altéré» menaçant dangereusement la santé de nos concitoyens. Et pour cause, un liquide jaunâtre découvert souvent ces derniers temps dans les sachets de tabac a interpellé les consommateurs et les marchands, selon lesquels il s'agit là d'une «preuve» que le conditionnement du tabac à chiquer est des plus «insuffisants», affirme l'association de protection du consommateur qui se réfère, elle aussi, aux constats faits chez plusieurs marchands de tabac. Pointé du doigt, le conditionnement du tabac, lequel est livré aux débits par le biais de l'agence commerciale de la Société nationale de tabacs et allumettes (SNTA) située à la rue Aouati Mustapha à Constantine, serait donc, selon l'Association de protection des consommateurs et les marchands de tabac à l'origine de «la défaillance» des sachets de tabac à chiquer. Dans ce contexte, plusieurs marchands de tabacs ont fait appel à l'Association de protection des consommateurs pour intervenir et mettre fin aux «manœuvres fallacieuses de certains agents de la [SNTA] qui leur livrent un produit complètement “humide” et, par conséquent, “impropre” à la consommation», a-t-on indiqué. Ainsi, les quotas de tabac à chiquer commercialisés par les débits ne sont pas uniquement «endommagés», mais «dépourvus» du poids exact mentionné sur les cartons livrés aux détaillants, a en outre relevé l'Association de protection des consommateurs. Cet état de fait a poussé les marchands à augmenter les prix de ce produit pour pouvoir «arrondir» les recettes sans subir de pertes sur la marge bénéficiaire, explique-t-on encore. Pour sa part, face à ces graves accusations, l'unité commerciale de la SNTA a formellement démenti ces faits. «Tout produit livré à partir de cette société est soumis à des contrôles rigoureux», a assuré le responsable de cette unité, dont les propos ont été rapportés par l'APS. Ce même responsable a affirmé à l'agence officielle que «l'instabilité dans le poids des cartons serait dû aux ratages des machines, ni plus ni moins», a-t-il expliqué. Selon lui, la SNTA livre quotidiennement à ses clients à Constantine des quotas allant de 60 000 à 80 000 sachets. Cependant, ce ton rassurant n'a guère dissipé les peurs des consommateurs et de leurs familles qui sont livrés aujourd'hui à l'angoisse et l'anxiété. Il faut rappeler que cette polémique autour de la «chemma» ne date pas d'aujourd'hui. A maintes reprises, on a retrouvé des pesticides, des cendres, du plâtre, du sable, de la terre et même de la bouse dans les sachets de tabac à chiquer. Ce produit qui fait l'objet d'un trafic de contrefaçon à grande échelle a de tout temps été considéré par les médecins comme un danger public. En effet, des réseaux mafieux disposent carrément d'ateliers clandestins dans notre pays où l'on fabrique des sachets de «chemma» contenant divers produits dangereux. Récemment, des investigations menées par la Gendarmerie nationale ont dévoilé les activités illégales de certains producteurs qui ont carrément ajouté au tabac à chiquer de la chaux «djir», menaçant de manière sérieuse la santé des consommateurs. Selon les médecins spécialistes, cette matière a une odeur pestilentielle mais qui attire les consommateurs. Elle peut engendrer beaucoup de maladies sur le long terme. Des maladies mortelles telles que le cancer de la mâchoire. C'est dire les dangers de la «chemma» sur la santé des Algériens. Chaque année, des dizaines de personnes meurent suite à une longue consommation de ce produit, selon les chiffres transmis par les hôpitaux. Et malgré cela, la «chemma» demeure la drogue douce préférée de nos compatriotes ! A. S.